Nao, le robot star des EHPAD à Issy-les-Moulineaux
Du haut de ses 56 centimètres, le robot Nao construit par Softbank Robotics donne le rythme d’une séance d’exercice physique à laquelle participent des pensionnaires du quatrième âge – dont une centenaire – à l’EHPAD Lasserre d’Issy-les-Moulineaux. Tous les yeux sont rivés sur ce petit humanoïde qui s’accroupit, se lève ou s’allonge sur le dos sans effort. « Il le fait plus facilement que nous ! Le robot ne connaît pas nos handicaps, donc chacun va à son rythme, on ne force pas », avertit Christophe Castel, animateur à l’Espace Seniors d’Issy-les-Moulineaux qui fait découvrir le robot dans les maisons de retraite et EHPAD de la ville.
Nao suscite un émerveillement qui permet de fixer l’attention des participants.
Nao questionne l’encadrant pour savoir combien de fois il doit répéter chaque exercice, puis il montre un premier mouvement : bâton en mains, il s’agit de tendre les bras devant soi, puis de les lever au-dessus de sa tête. Assis sur une chaise ou dans un fauteuil roulant, chacun s’applique à reproduire l’exercice, en rythme. Epaules, bras, dos, jambes : tout le corps est sollicité, sourire aux lèvres.
Une présence « magique »
A l’issue de chaque série, le robot félicite les participants. « Nao est très poli et raffiné. Sa voix, sa gestuelle et ses yeux qui changent de couleur le rendent saisissant. C’est une chance de l’avoir ici avec nous », confie Madame Bouton, une participante. Monsieur Darchen se réjouit lui aussi de suivre « ce programme original, inspiré de ce qui se fait au Japon ». Si la plupart des pensionnaires présents à cette séance sont des habitués, certains ont choisi de suivre l’atelier sportif du jour en raison de la présence exceptionnelle de Nao. « La gym avec le robot séduit très largement. Il parvient à dispenser des consignes, parfois mieux que moi ! », sourit David Jacobin, animateur de
l’EHPAD Lasserre. « Le robot intervient ponctuellement, ce qui renforce sa dimension extraordinaire. Il suscite un émerveillement permettant de fixer l’attention qui peut parfois être dispersée face à l’animateur habituel. Pour cette génération, le robot a un côté magique, sans être effrayant car il est une nouveauté qui ne suscite aucune réminiscence », explique Julie Wolf, psychologue de l’établissement qui assiste à l’atelier. Elle s’interroge cependant sur la perception qu’en auront les nouveaux seniors dans les prochaines décennies. « Ce sera peut-être différents pour ceux qui auront déjà connu la robotisation, ses représentations et ses problématiques négatives, comme la destruction d’emplois. » A l’EHPAD Lasserre, Nao n’a remplacé personne, au contraire : son intervention nécessite la présence de deux accompagnants supplémentaires.
Un outil au service du personnel
Les intervenants sont tous unanimes : le robot n’est pas un animateur, mais bien un outil d’animation au service du personnel. « Il y avait beaucoup d’appréhension au début, se souvient Ludovic
Guilcher, maire-adjoint d’Issy-les-Moulineaux, en charge de la santé, de la vie sociale, des personnes âgées et des solidarités. Nous ne savions pas où nous allions, si le robot serait bien accueilli, ni si l’intérêt qu’il suscite tiendrait dans la durée. La crainte que Nao remplace les animateurs était omniprésente. Mais tout le monde l’a adopté très vite : en 15 jours, il faisait partie de la maison. » Pionnière en France dans l’utilisation des robots auprès des seniors, dès 2015, la ville veut continuer d’innover. Elle envisage d’installer, par exemple, une cabine de télémédecine en EHPAD. A suivre.