L’assurance perte d’autonomie ne séduit pas
Selon la Fédération française de l’assurance, 7,1 millions de Français étaient assurés pour le risque de perte d’autonomie fin 2017. 42% des personnes âgées de 60 ans et plus disposent donc d’une couverture – auprès d’une société d’assurance, d’un institut de prévoyance ou d’une mutuelle – contre 23% de la même classe d’âge onze ans plus tôt, en 2006*. Un Français sur quatre assurés a ainsi opté à titre individuel et facultatif pour un contrat dédié à la garantie de perte d’autonomie. Les autres sont couverts dans le cadre de leur contrat d’assurance habitation, complémentaire santé ou assurance-vie, voire via un contrat collectif obligatoire, souscrit par leur employeur par exemple. En 2017, cette cotisation individuelle moyenne était de 457 euros par an (soit 38 euros par mois) et le montant total des cotisations collectées s’élevait à 783 millions d’euros.
« Un dossier sur trois est refusé ou majoré »
Selon le cabinet de prospective Xerfi, ce montant devrait croître de 2% à 3% par an d’ici à 2020. Le marché peine en effet à décoller : les Français sont plus enclins à s’assurer pour un risque de décès que de perte d’autonomie. Malgré le label GAD (Garantie assurance dépendance) créé par les assureurs en 2013 pour sécuriser les consommateurs, ces contrats sont jugés trop complexes, imprévisibles et difficiles d’accès. Environ 20% des candidats à la souscription d’une même classe d’âge seraient ainsi refusés par les organismes assureurs pour cause médicale (maladie chronique comme le diabète, cancer – même en rémission depuis plus de 5 ans, etc.). Les seniors de 75 ans et plus sont de fait exclus. « Le questionnaire médical constitue une barrière à l’entrée non négligeable pour les clients, mais aussi pour les distributeurs : un dossier sur trois est refusé ou fait l’objet d’une majoration tarifaire », confie Pierre-Alain de Malleray, ancien président du comité Vie de l’APREF (Asssociation des professionnels de la réassurance en France) et président de Santiane, un assureur en ligne qui ne demande pas de questionnaire de santé. Le calcul des cotisations varie en effet en fonction de l’état de santé, de l’âge du souscripteur et du montant de la rente qu’il souhaite percevoir s’il perd son autonomie. Dans ce système viager, la couverture s’arrête avec la fin des versements (une garantie réduite peut parfois être maintenue après 5 à 10 ans de cotisations). Des options payantes peuvent s’ajouter : la garantie à la perte d’autonomie légère, ou le reversement des cotisations (moins les frais de gestion) aux héritiers en cas de décès avant 85 ans sans perte d’autonomie. Cette option, proposée notamment par Axa, majore la cotisation de 30% à 40% mais évite qu’elle ne soit versée à fonds perdus.
L’inflation future : une inconnue paralysante
D’autre part, « l’évolution future des prix fait peser une incertitude sur le niveau de revalorisation des cotisations au fil des années, mais aussi sur le pouvoir d’achat qu’offrira la rente souscrite lorsqu’elle sera effectivement perçue. Ainsi, une rente souscrite en 1993 qui correspondait alors à la moitié du prix d’une chambre en EHPAD n’en vaut peut-être plus que le quart aujourd’hui », illustre Mathieu Escot, responsable des études de l’UFC-Que choisir. Il conseille donc de souscrire « avant 60 ans et en choisissant une rente de 1 000 euros minimum ». La rente proposée peut atteindre jusqu’à 4 000 euros par mois, mais la plupart des contrats actuels la fixe entre 250 et 300 euros par mois. Un montant qui risque de s’avérer insuffisant quand il sera temps de mobiliser cette rente.
* Chiffres de la DREES en 2009