« L’assurance obligatoire réduirait le coût pour tous »
L’assurance privée obligatoire peut-elle répondre au problème du financement de l’accompagnement au grand âge ?
Rendre l’assurance privée obligatoire permettrait une mutualisation à plus large échelle, et ainsi la maîtrise du coût de la protection pour tous. L’enjeu est double : d’une part, diminuer le reste à charge pour les personnes en situation de perte d’autonomie, qui s’élève à 6 milliards d’euros, et, d’autre part, offrir à tous la possibilité d’un financement solidaire, pour soi-même et pour ses proches.
Ces offres, concernent un risque tardif auquel on préfère ne pas penser.
L’assurance obligatoire pourrait ainsi s’intégrer à la complémentaire santé à partir d’un certain âge qu’il convient de définir – sans doute pas dès 20 ans, mais peut-être à partir de 50, 55 ou 60 ans – et prendre la forme d’une cotisation additionnelle de l’ordre de quelques euros. Aujourd’hui, 70% des plus de 65 ans choisissent déjà une mutuelle pour leur complémentaire santé, et cette proportion augmente avec l’âge. L’assurance obligatoire n’est toutefois pas l’unique réponse à la question du financement de la perte d’autonomie. 80% des dépenses de prise en charge sont couverts par les financements publics. Leur contribution est essentielle, et elle doit rester majoritaire.
Pourquoi les Français rechignent-ils à souscrire ces contrats ?
Ces offres sont perçues comme chères, et elles concernent un risque tardif auquel on préfère ne pas penser. Le label GAD, issu d’une initiative privée sans reconnaissance publique, n’est pas de nature à changer cette donne. Les assureurs seront-ils capables demain de vendre davantage de contrats labellisés, en les aménageant à la marge (en incluant par exemple un audit sur l’aménagement du domicile) ? Je ne le crois pas. Pourtant les Français sont de plus en plus conscients de la nécessité de se préparer à l’éventualité de leur propre perte d’autonomie. Ils la perçoivent d’autant plus quand un de leurs proches se trouve dans cette situation – ils sont souvent alors âgés de 50 à 60 ans. Considèrant alors qu’ils accomplissent un devoir et une dette morale envers leurs parents, ils oublient tout pendant dix ans, négligeant d’anticiper cette éventualité pour eux-mêmes. Si l’assurance devient obligatoire, ils l’accepteront.
Comment concilier égalité entre les citoyens et libre concurrence entre les assureurs privés ?
Personne ne doit pouvoir se trouver sans accompagnement ni prise en charge de sa perte d’autonomie, et chacun devrait pouvoir disposer de la liberté d’opter pour la solution de son choix. Les mutuelles se mobilisent pour proposer une variété de dispositifs : nous gérons 200 EHPAD et nous proposons des services de soins infirmiers à domicile, la téléassistance et des équipements connectés. Développer ces services auxquels les gens sont attachés et les solvabiliser est une de nos priorités. Nous l’avons établi dans nos propositions publiées en décembre dernier, après une réflexion menée avec les 600 mutuelles que nous représentons. Pour nous, la question du grand âge ne doit pas être abordée uniquement sous l’angle du financement de la prise en charge de la perte d’autonomie, mais également en termes de prévention, d’offre de soins et de services. Aménager le domicile prévient les risques de chute qui sont très souvent à l’origine de l’entrée en dépendance – hors accidents et maladies neurodégénératives. La solidarité nationale doit également être au cœur de cet effort de prévention.