4 000 nouveaux EHPAD devront être ouverts d’ici à 2040
4 000 nouveaux EHPAD devront être ouverts d’ici à 2040
Le mouvement de grève dans les EHPAD début 2018, alors inédit, n’est peut-être pas le dernier. Les acteurs du secteur (directeurs d’établissements, syndicats, médecins…) y avaient dénoncé à l’unisson le manque de soignants (évalué à 200 000 par la mission parlementaire Iborra-Fiat), la pénurie des infirmières de nuit et des budgets trop étriqués. Selon les syndicats, 4 milliards d’euros supplémentaires par an sont nécessaires pour assurer le bon fonctionnement des EHPAD. Les 360 millions promis par la ministre de la Santé en mai 2018 ont été accueilli avec un soulagement prudent. « Nous nous mobiliserons de nouveau si le calendrier n’est pas respecté », avertit Pascal Champvert, président de l’Association nationale des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA).
12 Md d’euros pour rénover les EHPAD vieillissants.
Ce plan d’urgence pluriannuel reste en effet soumis chaque année au feu vert du Parlement lors du vote du projet de loi de finances. Sans cette validation, les recrutements qu’il doit permettre ne pourront pas être menés. « Aujourd’hui, rien n’a changé dans les établissements : nous n’avons pas reçu un centime de plus. On nous promet une enveloppe pour créer des postes supplémentaires demain, tout en supprimant dès à présent les emplois aidés », déplore Pascal Champvert.
Un manque d’aides-soignants… candidats
Outre la question du budget, les établissements peinent à trouver des candidats qualifiés pour des postes payés au Smic. Fin 2015, selon la DREES, un tiers des structures accueillant des personnes âgées peinait à recruter, dont près d’un EHPAD sur deux. « En France comme dans le monde, il y a une pénurie de soignants sans précédent. Nous manquons d’aides-soignants, d’infirmiers, de médecins », constate Florence Arnaiz-Maumé, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (SYNERPA). Selon elle, « il faut opérer une évolution de tâches entre les auxiliaires de vie non diplômés et les aides-soignants, et entre les aides-soignants et les infirmiers, en créant des diplômes de niveaux intermédiaires. De nouveaux métiers, spécialisés dans l’accompagnement de la maladie d’Alzheimer par exemple, doivent apparaître. Les EHPAD doivent également renforcer la présence de nouvelles compétences telles que les psychomotriciens, ergothérapeutes, psychologues ».
Rénover le bâti
Selon l’INSEE, 4 000 nouveaux EHPAD devront être ouverts d’ici à 2040 pour accueillir 375 000 personnes de plus qu’aujourd’hui. Par ailleurs, la CNSA (Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie) notait en 2011 que 12 milliards d’euros seront nécessaires pour rénover les EHPAD vieillissants, en grande majorité publics. 60% d’entre eux ont été construits avant 1971, alors que 80% du parc privé date d’après 1990. Sur ces points, le SYNERPA propose « de nouvelles formes de coopération public-privé, notamment par le biais de délégation de service public dans les territoires volontaires ». Pascal Champvert plaide pour des logements plus respectueux de l’intimité des aînés, sur les modèles nord-européens : des studios plus spacieux, qui accueilleraient leurs meubles et leur animal de compagnie, et qui leur permettrait d’y vivre leurs relations – y compris amoureuses. Selon lui, « le surcoût pour offrir cette qualité de logement n’est pas énorme ».