Île-de-France : Un programme de musique pour les enfants des quartiers prioritaires
L’idée revient au vénézuélien Jose-Antonio Abreu (décédé en mars 2018), un économiste et pianiste qui aidait les enfants défavorisés de son pays en leur faisant pratiquer la musique, de façon collective – les élèves forment un orchestre et une chorale – et intensive : une vingtaine d’heures de pratique par semaine, ce qui a d’ailleurs fait l’objet de critiques. L’objectif principal est que les jeunes musiciens s’épanouissent en groupe et apprennent à s’investir pour le bien commun, l’orchestre étant abordé comme une métaphore de la société.
Succès international
Au total, plus de 2 millions de Vénézuéliens ont intégré ce programme, El Sistema, avec bien souvent à la clé une carrière de musicien professionnel, comme le chef d’orchestre Gustavo Dudamel, actuellement à la tête de l’Orchestre philharmonique de Los Angeles. Si ce bilan est impressionnant, il ne s’arrête pas au Venezuela, le programme ayant été transposé dans de très nombreux autres pays, à commencer par l’Amérique du Sud. En France, El Sistema a inspiré différents acteurs culturels et en particulier l’équipe du programme de démocratisation culturelle Démos (Dispositif d’éducation musicale et orchestrale à vocation sociale), coordonné par la Cité de la musique-Philharmonie de Paris et soutenu par les ministères de la Culture et de la Cohésion des territoires. « Nous sommes proches d’El Sistema tout en nous distinguant en différents points. Ainsi, nous ne misons pas sur une pratique intensive », précise Clara Wagner, directrice déléguée aux relations institutionnelles et internationales de la Cité de la musique-Philharmonie de Paris. Lancé en 2010, Démos s’adresse en priorité aux enfants (7-14 ans) des quartiers de la politique de la ville, leur offrant, pendant trois ans, la possibilité d’apprendre à jouer d’un instrument et d’intégrer un orchestre de musique classique (en tout, 4 heures de pratique par semaine). L’enseignement est dispensé au sein de la structure sociale que l’enfant a l’habitude de fréquenter (centre social, association…), avec, en plus, des temps de regroupement dédiés à la pratique d’orchestre.
En plein boom
Environ 3 000 jeunes Français font partie de l’un des 30 orchestres Démos actifs sur le territoire. « Nous avons un objectif, à court terme, de 75 orchestres, en développant des structures dans des régions encore peu familières avec notre programme, comme la Normandie », annonce Clara Wagner. Démos entend également essaimer en zone rurale, même s’il faut alors lever le frein du manque d’équipements et de formateurs, la pédagogie n’étant enseignée que par des musiciens professionnels, accompagnés de travailleurs sociaux. « Nous présentons le programme aux élus en précisant que nous assurons les trois quarts du budget global. La totalité des villes qui ont déjà adhéré poursuivent pour un nouveau cycle », explique la directrice.
Bilan positif
L’équipe de Démos se félicite de ce que la moitié des enfants qui ont participé au programme poursuivent une pratique musicale et qu’ils aient acquis de la confiance en soi ainsi que de la concentration, un gain qui se traduit par « de nets progrès scolaires ». Egalement, la Cité de la musique-Philharmonie de Paris remarque qu’« un nouveau public vient à elle » et met cette évolution sur le compte entre autres de son action sociale.