PACA : Cannes, ville laboratoire de l’apprentissage culturel
La cité du cinéma, reconnue « ville expérimentale » par le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle, est proche de gagner son pari de 100% d’enfants formés.
Elu maire de Cannes en 2014, David Lisnard a placé la culture au cœur de son mandat, avec en ligne de mire un projet ambitieux : que 100% des enfants de la ville soient intégrés dans un parcours d’éducation artistique et culturelle. Quatre ans plus tard, le pari est tout prêt d’être gagné. « Sur 17 670 élèves, de la maternelle au supérieur, nous atteignons un taux de 96% d’enfants et d’adolescents formés, dont 100% pour les écoliers et 93% pour les collégiens », énumère l’édile. Dans les premiers temps, les publics des collèges et des lycées ont été les plus difficiles à atteindre ; aujourd’hui, l’ensemble des établissements scolaires sont entrés dans la dynamique. « Cette réussite tient beaucoup à notre partenariat étroit avec le rectorat, même si c’est la ville qui finance entièrement les postes de médiateurs, chargés, dans les établissements, de l’animation de notre politique », précise David Lisnard.
Ciment collectif
Si ce bilan chiffré est parlant, il ne résume pas à lui seul l’ambition cannoise. « Nous refusons l’occupationnel et nous ne voulons pas nous limiter aux bonnes intentions. Les enfants apprennent une pratique culturelle – théâtre, instrument… – en développant le goût de l’effort.
La pratique culturelle permet de développer le goût de l’effort.
Cet apprentissage est couplé à des activités collectives de sorties et de spectacles, qui sont préparées en amont pour en tirer tout le bénéfice possible », précise David Lisnard. Pour les acteurs de ce dispositif, les activités doivent participer à la construction des enfants qui en bénéficient. « La culture est à la fois une expérience individuelle et un ciment collectif », souligne le maire, qui entend rassembler toutes les composantes de sa population (voir encadré) et accompagner en particulier les publics les plus éloignés de la culture. La démarche de la ville de Cannes a été reconnue, fin 2017, par le Haut Conseil de l’éducation artistique et culturelle (HCEAC), chargé d’assurer la promotion des arts à l’école, qui lui a attribué le statut de « ville expérimentale ». David Lisnard espère entraîner d’autres villes dans sa dynamique, fermement convaincu que « la culture est une source d’épanouissement, de liberté et d’égalité des chances ».
Cannes, une « ville patchwork »
David Lisnard aime employer l’expression de « ville patchwork » pour qualifier Cannes, et poursuit l’objectif de « recoudre ce tissu grâce à la culture ». Effectivement, la cité balnéaire, célèbre dans le monde entier pour son festival international du film, est aussi la ville de convergence de diasporas multiples – russe, iranienne, libanaise, arménienne… – et a connu des vagues d’immigration successives – des Italiens, Maghrébins, Cap-Verdiens… À cette diversité culturelle s’ajoute une diversité sociale, Cannes affichant à la fois un taux de pauvreté particulièrement élevé (19% contre 14% pour la moyenne nationale et, par comparaison, 26% pour Marseille) et l’un des plus hauts taux d’impôt sur la fortune (ISF), un grand écart facteur d’inégalités sociales.