Priorité à l’éducation culturelle
Comment expliquer les 86 zones blanches du service public culturel ?
Si l’on imagine qu’accéder à la culture implique une diversité de l’offre, la distance géographique d’accès à cette diversité artistique accentue encore la perception d’une inégalité des territoires qui recoupe, bien souvent, la carte des inégalités économiques, sociales ou culturelles. Ce constat peut paraître brutal, mais il mérite une analyse plus fine que celle de la simple accessibilité. Ce n’est pas parce qu’on a un opéra ou un cinéma à côté de chez soi que l’on y va nécessairement, tout comme l’absence d’établissement culturel ne signifie pas absence totale d’accès à la culture ou existence de « zones blanches culturelles ». Au reste, les études de fréquentation des festivals nous montrent très bien comment et pourquoi des publics sont capables de faire des centaines de kilomètres pour assister à une manifestation culturelle ou à un événement artistique qui comptent pour eux. Il s’agit de ne pas réduire la problématique de l’accessibilité à une vision cartographique de la France, envisagée sous l’angle de la simple distance qui nous sépare des structures.
Comment amener la culture là où se trouvent les plus démunis ?
En ce qui concerne les inégalités d’accès à la culture, le sociologue Pierre Bourdieu affirmait que la plus grande inégalité ne relevait pas du « manque » ni même de la « conscience du manque », mais du « manque de la conscience du manque ». Ceci pour signifier qu’il est essentiel de partager un désir, une curiosité, une grammaire commune de ce besoin de culture inhérent à la construction de notre identité tant intime que sociale.
L’accessibilité culturelle ne doit pas être réduite à une cartographie du pays.
C’est une des raisons pour lesquelles les ministres de l’Éducation et de la Culture marchent main dans la main pour mettre en œuvre sur tous les territoires la politique du « 100 % éducation artistique et culturelle ». C’est avant tout par l’EAC que l’on pourra donner un nouvel élan à nos politiques culturelles, si l’on veut qu’elles reprennent le chemin d’une démocratisation qui ne se paie pas de mots.
Une démocratisation déjà inscrite dès la création du ministère de la Culture en 1959 …
Il faut reconsidérer le sens même de ce que nous appelons la « démocratisation de la culture ». Les termes sont bien trop vagues pour définir des actions ou des mesures concrètes et la mission pourrait très vite s’apparenter au remplissage d’un tonneau des Danaïdes susceptible de ne véhiculer que déceptions ou désillusions, telles qu’elles se laissent décrire sous la plume des essayistes « déclinistes » de la déploration, qui font toujours l’impasse sur ce qui marche sans mettre face à face programmes espérés et réalisations concrètes. Plans Chorales, moments de lecture silencieuse, éducation à l’image, patrimoines de proximité, plateforme numérique dédiée au cinéma, villes et territoires « 100 % EAC »… Autant de mesures accompagnées par le HCEAC pour libérer les imaginaires des publics. Notre nation doit se reposer régulièrement la question à propos de la culture qu’elle souhaite transmettre à sa jeunesse, des conditions de cette transmission, des moyens qu’elle se donne d’assurer une éducation artistique et culturelle pour tous. C’est ce qui est fait aujourd’hui entre les ministères concernés par la question, mais aussi par un grand nombre de collectivités engagées dans cette politique publique commune qui vise à atteindre le « 100 % éducation artistique et culturelle ».