En période de contrainte budgétaire, les collectivités s’adaptent
Les élus locaux tentent de maintenir leur engagement pour la culture, qui demeure une compétence partagée avec l’Etat. Plutôt que de financer une offre déconnectée des attentes et des besoins, ils favorisent les actions de proximité.
La loi du 7 août 2015 portant nouvelle organisation territoriale de la République, loi NOTRe, a laissé aux différents niveaux de collectivités la
liberté de s’engager pour la culture, compétence partagée avec l’Etat. Un engagement pris par une très grande majorité des élus des communes, intercommunalités, départements, régions et désormais des métropoles, convaincus de l’importance de la culture pour la construction de chacun comme de la collectivité, et aussi pour le développement de l’attractivité de leur territoire. Mais comment faire toujours plus dans une période de contrainte budgétaire qui dure déjà depuis plusieurs années ? Pour Jean-Marie Tobelem, professeur associé à l’université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste de la gestion des équipements culturels, c’est en « dialoguant davantage » et en « insufflant une convergence des moyens, nationaux et locaux », que l’Etat, les collectivités et les responsables d’équipements culturels gagneront en efficience. Il observe, avec inquiétude, que dans les communes les plus en difficulté, « des acteurs de la culture, usés par le manque de moyens, peuvent être tentés de rejoindre les métropoles », même s’il regagne espoir face à l’essor des intercommunalités, lesquelles, « une fois passée l’étape actuelle de réflexion, devraient parvenir à additionner leurs moyens ».
Semi-échec des pactes culturels
En cette fin d’année 2018, l’Etat et les collectivités sont à un tournant de leur partenariat dans le champ de la culture avec la fin des pactes culturels, mis en place fin 2014, sous le gouvernement de Manuel Valls. L’Etat s’engageait alors à maintenir son aide, sur trois ans, aux collectivités qui promettaient, en retour, de maintenir leur budget pour la culture sur la même période. Jugés trop contraignants, les pactes culturels n’ont convaincu que 82 collectivités. Au moment de son entrée en fonction, l’ancienne ministre de la Culture, Françoise Nyssen, avait proposé de « travailler à un nouveau pacte de confiance », entre l’Etat et les collectivités. Un cadre de contractualisation qui n’a pas encore été précisé dans sa forme.
Pragmatisme
Sur le terrain, les élus tentent de maintenir leur budget culturel tout en faisant des choix.
Plébiscite pour la lecture publique et les résidences d’artistes.
Arles (Bouches-du-Rhône) a ainsi transformé des manifestations annuelles en biennales, quand Rennes (Ille-et-Vilaine) a organisé des Etats généraux de la culture pour prioriser les interventions les plus accordées aux attentes de ses habitants. Jean-Marc Vayssouze-Faure (voir interview), maire de Cahors (Lot), indique qu’il compte sur une « mutualisation des moyens » dans ses services, tout en incitant les associations du secteur à faire de même ainsi qu’à « se tourner, aussi, vers le secteur privé pour financer leurs projets ». Pragmatiques, les maires concentrent leurs moyens sur la lecture publique, les bibliothèques étant l’équipement le plus accessible, et s’organisent en réseau à l’échelle intercommunale afin de parvenir à un meilleur maillage du territoire. Les résidences d’artistes ont également leur faveur, permettant à la fois de soutenir des artistes locaux et d’apporter la culture au plus près des habitants pour un coût le plus souvent modéré. Patrick Curtaud, vice-président à la culture au conseil départemental de l’Isère, ne tarit pas d’éloges sur ces animations « qui peuvent avoir lieu dans le plus petit village de montagne, animer la vie locale plusieurs mois d’affilée, intéresser les scolaires comme les personnes âgées ».