Questions à… Frédéric Guilleray
Qu’apportent concrètement les neurosciences ?
Le principal apport des neurosciences pour l’éducation est l’idée que la capacité de mémorisation de notre cerveau est limitée. Or les programmes actuels ne sont pas mémorisables à long terme, en entier. Ils sont bien trop importants, bien plus que dans d’autres pays européens. L’école française impose des programmes encyclopédiques, maîtrisables seulement par certains, et donc très élitistes.
Que proposez-vous ?
Je me concentre sur l’essentiel en appliquant un double filtre au programme : « l’élève en aura-t-il besoin comme futur citoyen ? », « en aura-t-il besoin l’année prochaine ? ». Dans le cas par exemple de la boucle de régulation nerveuse de la pression artérielle, que nous devons leur apprendre en seconde, la réponse est non. Contraint par le programme, j’aborde le sujet en classe, mais je n’accompagne cet enseignement d’aucun exercice de mémorisation. Ces derniers sont réservés aux « essentiels ».
En quoi consiste cette méthode de mémorisation ?
Pour que les élèves retiennent réellement sur le long terme, la mémorisation doit être active et espacée. Active, en leur donnant des tests de questions/réponses (voir p. 28), et espacée, en réactivant les acquis plusieurs fois dans l’année. Cette réactivation a lieu au début de chaque cours pendant 10 minutes via des questions orales. En outre, pour mes classes de Terminale, j’organise mon année différemment : au lieu d’aborder les grandes thématiques du programme les unes après les autres (science du vivant, la terre dans l’univers, le corps humain…), je traite tous les premiers chapitres des différentes thématiques ; puis tous les seconds… Ainsi je reviens régulièrement dans l’année à la thématique sciences du vivant, ou des sciences de la terre, par chapitre.