Singapour : Vertus et limites du meilleur modèle du monde
Champion du monde de la réussite scolaire, premier au classement PISA de 2015, Singapour s’inspire des grands pédagogues européens comme Piaget, et des résultats des neurosciences. La célèbre « méthode de Singapour » pour apprendre les mathématiques consiste à enseigner moins de choses pour davantage mémoriser ; permettre une discussion de 20 minutes en petit groupe après la réalisation d’une tâche afin d’échanger sur les difficultés ; manipuler des objets avant de rentrer dans les notions mathématiques abstraites… Résultat, les jeunes singapouriens auraient l’équivalent de 2 ans d’avance sur les élèves de l’OCDE !
Les jeunes singapouriens auraient l’équivalent de 2 ans d’avance sur les élèves de l’OCDE.
Mais l’utilisation des neurosciences pour rendre les enfants toujours plus compétitifs et les méthodes toujours plus efficaces donnent également lieu à des excès. L’extrême plasticité cérébrale des très jeunes enfants, prouvée par les neurosciences, conduit ainsi certains parents aisés à emmener leurs bambins de quelques mois dans des écoles privées proposant de « stimuler » et d’« enrichir » leur cerveau en faisant défiler très rapidement devant leurs yeux des images tout en égrenant des noms : “Chimie = Newton ; électricité = Edison…“ « Nous proposons 40 activités de ce genre en 1 heure car le cerveau est une éponge avant 6 mois », se félicite l’une des initiatrices dans le documentaire « Demain l’école » de Frédéric Castaignède diffusée sur Arte en septembre dernier. Cette forte exigence d’efficacité est devenue l’alpha et l’oméga de l’école singapourienne, avec plusieurs heures de cours particuliers, des concours après l’école primaire, etc. Faisant peser sur les jeunes une pression très importante. En octobre 2016, le suicide d’un enfant de 11 ans se défenestrant du 17e étage de son immeuble à cause de mauvais résultats à l’école, marque un tournant. Pour la première fois, les média parlent du suicide d’un élève en raison de la pression scolaire, sujet tabou à Singapour. En réaction, les autorités reconnaissent la « compétition malsaine » dans l’école singapourienne, et disent réfléchir à un nouveau système de notation, mis en place d’ici 2021.