Pays-de-la-Loire : Que serais-je sans « toit » ?
« En donnant un jour des pièces à une personne sans domicile fixe, je me suis dit : si on était plusieurs à lui verser quelques euros par mois, on pourrait le loger. » C’est à partir de cette idée que le Nantais Denis Castin a édifié, avec son ami Gwenaël Morvan, les premières pierres de l’association Toit à moi. Concrètement, il suffit que 100 particuliers versent 20 euros par mois pendant cinq ans pour que l’association rembourse l’emprunt contracté auprès d’une banque et acquière un appartement de type T1 bis / T2 d’une surface de 35 m2. Désormais, grâce à la générosité de plus de 1 500 donateurs, répartis dans toute la France, l’association possède 19 logements et devrait devenir propriétaire de huit nouveaux meublés d’ici à fin 2018. Principalement à Nantes (Loire-Atlantique), mais aussi ailleurs dans l’Hexagone. « Depuis sa fondation, en 2007, Toit à moi a permis à une cinquantaine de personnes de sortir de la rue, précise Denis Castin. Les collectivités territoriales ont tout intérêt à créer du lien avec les plus fragiles qui sont en situation d’exclusion. Cela participe au mieux vivre ensemble de notre société. Le bénéfice est non seulement individuel, mais aussi collectif. »
Un toit et un emploi pour Élisabeth
Élisabeth a été la toute première locataire d’un logement de Toit à Moi. Suite à une rupture violente avec son mari, cette femme, aujourd’hui âgée de 59 ans, a quitté Mulhouse pour Nantes avec un sac sur le dos. Après avoir vécu deux mois à la rue, Élisabeth a été présentée à Toit à moi par le Samu Social. « Les premières nuits, c’était magique, se souvient-elle. Je me répétais : je suis chez moi. Heureusement, je n’avais pas connu la rue trop longtemps, si bien que j’ai remonté la pente assez rapidement. » Parallèlement, Élisabeth a décroché un contrat aidé en tant qu’animatrice dans un lycée : « Quand je me suis sentie prête, un travailleur social de l’association est venu me voir deux fois par semaine pour m’aider à rédiger un CV et des lettres de candidature. En six mois, j’ai retrouvé du travail ». Cinq ans après cette expérience professionnelle, Élisabeth a obtenu un CDI en tant qu’animatrice dans une maison de retraite. Et depuis sept ans, elle loue un 60 m2 dans un HLM : « Il est rempli comme une coquille de noix tellement j’empile des livres ! Je peux y accueillir mes trois filles et mes quatre petits-enfants ».
Toit à Moi lauréat de Le French Impact
Comme le remarque Hélène Menanteau, coordinatrice d’accompagnement social à Toit à Moi : « L’exclusion a plusieurs visages : femme victime de violences, surendettement, dépression, troubles psychiques, dépendance à l’alcool, migrant. À chaque personne correspond un accompagnement individuel.
Récompensé par le gouvernement comme projet « pionnier ».
Et chaque parcours, d’une durée de deux à quatre ans en moyenne, commence par une grande qualité d’écoute. Puis on cherche, ensemble, à répondre à cette question : Qu’est ce que je veux faire de ma vie ? Ce peut être trouver un travail, revoir son enfant ou se soigner. Notre credo : ne jamais juger et respecter le rythme de chacun ». En parallèle à cet accompagnement professionnel, des bénévoles de Toit à moi permettent aux bénéficiaires d’échapper à leur solitude. Le temps d’une promenade, d’un cinéma, ou tout simplement d’une discussion téléphonique. Ce principe innovant du « logement d’abord » grâce à des cotisations citoyennes, associé à un accompagnement professionnel et la rencontre avec des bénévoles, a été récompensé par le gouvernement. En juin, Toit à Moi a été l’un des 22 projets « pionniers » lauréat de l’initiative gouvernementale Le French Impact.