L’ESS, levier de développement économique des territoires
Une économie des territoires, ainsi pourrait-on définir l’ESS. N’étant pas délocalisable, cette économie participe au développement local. Un développement qui se fait dans le respect des habitants d’un territoire et des écosystèmes locaux.
« Les entreprises de l’ESS sont ancrées dans les territoires et participent à leur attractivité et leur dynamisme », selon le Conseil national des chambres régionales de l’économie sociale et solidaire (CNCRESS). Cette analyse fait écho aux propos d’Hugues Sibille, président du Labo de l’ESS : « Parce que c’est une économie de proximité, l’ESS répond à des enjeux de la mondialisation en permettant un ancrage dans les territoires ». Et Hugues Sibille précise : « Je ne suis pas forcément opposé à la mondialisation, car quand on est humaniste, on considère que le monde appartient à tous, mais on peut défendre un système d’échange plus proche des habitants d’un territoire ». Nombre de collectivités territoriales ont compris tout l’intérêt de la relocalisation en décidant de soutenir des initiatives de l’ESS, de participer elles-mêmes à des actions innovantes ou d’être même à l’origine de projets dans ce secteur, notamment via les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic).
Un exemple : les Scop
Par essence, l’ESS participe au développement économique des territoires puisque cette économie n’est pas délocalisable. Comme l’explique le président du Labo de l’ESS : « Dans une Société coopérative et participative (Scop), par exemple, les salariés ayant le pouvoir de décision, ils ne vont pas – a priori ! – voter pour délocaliser leur coopérative, et donc leurs emplois, en Asie. C’est pourquoi les sièges sociaux de toutes les structures de l’ESS en région sont locaux, et non pas basés à l’étranger ou à Paris. En plus, les excédents financiers d’une coopérative sont réinvestis localement ». Et il conclut : « Cette économie permet de relocaliser de la valeur sur les territoires ».
Plus de 150 PTCE recensés
Christiane Bouchart, présidente du Réseau des territoires pour l’économie solidaire (RTES), vice-présidente de Lille métropole en charge du développement durable et du Plan climat, et conseillère municipale en charge de l’ESS, met en avant la dynamique collective qu’induit cette économie, à l’échelle locale : « Grâce aux Pôles territoriaux de coopération économique (PTCE) reconnus par la loi ESS, tout un écosystème d’un territoire permet de répondre à des nouveaux besoins locaux et de maintenir toute une activité dans un lieu ».
Les excédents financiers sont réinvestis localement.
Plus de 150 PTCE sont recensés en France. Ce modèle consiste en un regroupement, sur un territoire donné, d’initiatives, d’entreprises et de réseaux de l’ESS, associé à des PME socialement responsables, des collectivités territoriales, des centres de recherche et organismes de formation. Objectif : mettre en œuvre une stratégie commune et continue de coopération et de mutualisation, au service de projets économiques innovants de développement local durable.
L’ESS, défricheur de nouveaux secteurs de l’économie
Christiane Bouchart observe également que « l’ESS répond très souvent à des besoins non satisfaits sur un territoire, tels les services à la personne. C’est d’ailleurs l’ESS qui a défriché ce domaine de l’économie, tout comme elle l’a fait avec le secteur environnemental ». Parmi les exemples qui l’inspire : l’initiative “Territoires zéro déchets, zéro gaspillage” qui s’inscrit dans le cadre de l’économie circulaire, le défi “Familles à énergie positive” pour lutter contre le dérèglement climatique, ou encore le défi “Familles à alimentation positive” visant à augmenter sa consommation d’aliments cultivés localement, suivant des techniques respectueuses de l’environnement, sans augmenter son budget.