« Faire la French Tech de l’innovation sociale »
Quel regard portez-vous sur l’ESS ?
En tant qu’auteur du programme du candidat Emmanuel Macron sur l’ESS, je suis parti du constat suivant : ce secteur représente un poids économique extrêmement important dans ce pays. En outre, l’ESS correspond à un mouvement général de quête de sens, qui se traduit par le souhait des Français de voir émerger un nouveau mode de croissance plus respectueux de l’environnement et de la société. Pourtant, ce domaine reste méconnu des décideurs économiques et du grand public. Cela se traduit, notamment, par une difficulté des acteurs de l’ESS à porter leurs revendications. Par ailleurs, sans porter de jugement de valeur, je constate que, malgré l’argent et l’intelligence dépensés, les problèmes structurels persistent. Les politiques publiques buttent encore, par exemple, à régler les problèmes de chômage, notamment des personnes handicapées et des jeunes. Pourtant, les structures de l’ESS ont les solutions pour ramener vers le travail les personnes qui en sont éloignées ou pour lutter contre le décrochage scolaire.
Quelle est votre ambition ?
Il faut réinventer l’Etat providence du XXIe siècle. Notre philosophie pourrait se résumer ainsi : que la transformation sociale, portée de façon innovante par les acteurs de l’ESS, impacte l’ensemble de la société française, pour l’intérêt général.
Comment entendez-vous, concrètement, mettre en œuvre cette philosophie ?
Notre feuille de route comprend plus de 100 mesures qui se déclinent en cinq grands piliers. Le premier concerne la promotion de la visibilité de l’ESS. Le deuxième porte sur les leviers de croissance des structures de l’ESS, tant au niveau financier que réglementaire. Troisième volet, l’emploi : il s’agit d’identifier les gisements d’emploi de demain dans le champ de l’ESS et de mettre en tension la formation. Le quatrième pilier a trait à l’innovation sociale qui doit être autant privilégiée que l’est l’innovation technologique. Enfin, nous souhaitons que l’ESS participe à la refondation du projet européen.
Qu’en est-il de l’initiative « French Impact » ?
C’est le deuxième levier de notre feuille de route. Nous voulons doter l’ESS d’une bannière plus visible. Et ce, dans un esprit d’ouverture, en fédérant des acteurs au-delà du champ de l’ESS. Notre modèle est celui de la French Tech : nous allons faire la French Tech de l’innovation sociale. Il ne faut plus considérer l’ESS comme un secteur économique à part, mais comme partie intégrale de l’économie française. L’ESS doit ainsi impacter, de façon transversale, tous les domaines et toutes les politiques, pour le bien commun. À titre d’exemple, je citerais les Jeux olympiques de 2024. Ce seront les premiers
Une enveloppe d’un milliard d’euros sur l’ensemble du quinquennat sera allouée.
Jeux solidaires et inclusifs de l’histoire. Fini le sport business ! À travers French Impact, nous allons créer un écosystème qui permettra d’accélérer le développement de l’innovation sociale. Concernant les moyens financiers, une enveloppe budgétaire d’un milliard d’euros sur l’ensemble du quinquennat sera allouée. Sur le plan réglementaire, une communauté de hackers publics sera chargée de lever les freins normatifs. Troisième et dernier élément : un label French Impact a récompensé, en juin, 22 premières initiatives locales innovantes, dont 60% portées par des associations, pour qu’elles essaiment partout en France. De même, nous invitons les territoires à créer des synergies entre les différents acteurs locaux de l’ESS, parce que cette économie est avant tout celle des territoires.