« Une véritable dynamique s’est installée » sur le marché de l’énergie
Comment la CRE apprécie-t-elle l’évolution de l’ouverture du marché électrique et gazier français ?
L’ouverture à la concurrence a pris un développement significatif ces douze derniers mois. Sur les volumes totaux de consommation, la part des fournisseurs alternatifs s’élève à 32% en électricité et à 57% en gaz. Le dernier rapport de surveillance du marché de détail recense 24 fournisseurs et plus d’une trentaine d’offres commerciales. Tous ces éléments montrent qu’une véritable dynamique s’est installée. Au-delà de ces chiffres, les nouvelles technologies et le développement du numérique changent la donne et ouvrent de nouvelles perspectives au consommateur qui peut désormais agir sur sa consommation et limiter son empreinte écologique. C’est là l’élément principal.
Quels sont les sujets qui concentrent l’attention du régulateur dans cette période de transition énergétique ?
La CRE veut accompagner les évolutions du monde de l’énergie en conciliant transition énergétique et efficacité du système énergétique. Le développement des EnR (éolien et photovoltaïque) nous a conduits à recommander avec insistance le recours aux appels d’offres pour les filières matures. Les résultats sont au rendez-vous : avec le jeu de la concurrence, les prix des énergies renouvelables ont très sensiblement diminué. Le prix du MWh photovoltaïque, qui a culminé à 600 euros voici dix ans, se situe aujourd’hui pour certaines installations aux environs de 60 euros. Cette procédure a également entraîné une baisse significative des prix de l’éolien terrestre qui avoisinent 64 euros par MWh. La France obtient enfin des prix proches de ses voisins européens sur le secteur.
L’Europe de l’énergie ne peut pas se faire sur le terrain de l’uniformisation.
Dans les territoires insulaires non reliés au réseau électrique de l’Hexagone, les caractéristiques géographiques, climatiques et les contraintes liées aux infrastructures renchérissent les coûts de production de l’énergie qui, au final, pèsent sur la facture de tous les consommateurs. Or ces territoires doivent eux aussi relever les défis de la transition énergétique, en portant à 50% la part d’EnR dans leur consommation en 2020, et atteindre l’autonomie énergétique en 2030. La CRE accompagne l’évolution du bouquet électrique et des habitudes de consommation. Son attention se porte sur la sécurité d’alimentation du système en adéquation avec la maîtrise de la dépense publique.
Comment la CRE voit-elle son rôle dans le cadre du marché européen ?
L’Europe de l’énergie ne peut pas se faire sur le terrain de l’uniformisation. Il lui faut prendre en compte les spécificités des Etats membres. Promouvoir l’harmonisation est la clé du succès. Le système énergétique français a des qualités uniques qui doivent être prises en considération : les performances de ses réseaux dont la rémunération repose sur le principe de la péréquation tarifaire cher à la solidarité nationale, le prix de son électricité peu élevé grâce aux centrales nucléaires et à l’hydraulique, des émissions de CO2 faibles. Tout ceci ne peut être sacrifié sur l’autel d’une fausse uniformisation à l’échelle européenne. Cela n’aurait aucun sens et n’est d’ailleurs pas demandé. Définir des règles communes de fonctionnement nécessite une implication de tous les instants. Notre présence dans chaque instance européenne montre notre forte détermination à ajuster les priorités françaises au cadre européen pour le bien commun et à définir le cadre européen dans le respect des spécificités de chacun.