Japon : Yokohama ou la ville du XXIe siècle
Yokohama, la deuxième ville du Japon, est devenue un exemple de « smart city ». Une réussite due à l’alliance entre la population, les autorités et les entrepreneurs.
La ville portuaire de Yokohama, sur la côte est du Japon, a lancé en 2010 un vaste projet de smart city, le YSCP, pour Yokohama Smart City Project. Le terreau y était fertile, la ville sortait de 25 ans de réaménagement urbain. Une réorganisation pour cette cité de plus de 3,7 millions d’habitants concentrés autour d’un vaste port et ressemblant plus à une ville dortoir aux portes de Tokyo. YSCP s’est articulé autour des énergies renouvelables, des transports électriques, de la gestion de l’énergie dans les foyers, des bâtiments, tout en multipliant l’introduction de capteurs, la première brique des smart grids. Ce projet a démarré autour de trois quartiers identifiés dès 1981 dans le cadre du réaménagement de la ville qui s’appuyait déjà sur une forte implication des industriels, des habitants et de l’administration publique. Ont ainsi été inclus dans un premier plan quinquennal le centre urbain, Minato Mirai, une zone résidentielle de la ville nouvelle, Kohoku, et enfin la zone industrielle de la Yokohama Green Valley.
Une implication de tous…
La ville a fait appel aux entreprises privées : de Tokyo Gas, le fournisseur de gaz, à Toshiba, en passant par Nissan, Panasonic, Meidhensha, pour l’ingéniérie, ou encore Tepco, l’électricien tokyoïte, et Accenture, installé au cœur du Minato Mirai. Au total, 35 entités privées ont répondu présent à l’aune des partenariats menés lors du réaménagement urbain de 1981. En parallèle, ces entreprises ont animé des rencontres régulières avec les citoyens, pour les faire réagir à chacun de leur projet.
… et des actions multiples
Des panneaux solaires ont été installés sur 249 sites, pour une production totale de 37MW. Une douzaine de lieux ont été équipés en énergie éolienne, hydroélectrique ou encore en biomasse. Quelque 2 300 véhicules électriques ont été subventionnés par la municipalité, ainsi que le déploiement de stations de recharge, complétant un système de métro déjà largement efficace. Sans oublier la mise en œuvre d’un projet d’autopartage. En même temps, la cité portuaire a mis en place des milliers de capteurs, chargés de collecter les données autour des transports, de l’énergie et des déchets.
Les données collectées par les capteurs sont traitées par la population et les acteurs concernés.
Celles-ci sont ensuite traitées en partenariat avec la population et les acteurs concernés afin de réagir au jour le jour et planifier les actions pour les semaines, les mois, les années à venir. Des tarifications horosaisonnières ont été également testées avec succès afin de profiter au maximum des énergies renouvelables. Par ailleurs, Yokohama a installé un smart grid dans 4 000 logements. Son déploiement a permis, grâce à la participation des citoyens, de réduire la consommation d’énergie d’environ 20%, soit bien plus que ne le prévoyait le plan quinquennal. A cela s’est ajouté, en juillet 2016, l’installation de batteries de stockage afin d’intervenir en soutien au réseau en temps normal, et comme alimentation de secours en cas de crise, les ouragans et tremblements de terre étant fréquents dans la zone.
Passer du démonstrateur à la généralisation du projet
En 2015, une nouvelle entité publique-privée a été mise en place, la Yokohama Smart Business Association (YSBA) afin de passer du projet de démonstration à sa généralisation et faire de la cité une ville entièrement à économie circulaire, capable d’être durable, résiliente face aux catastrophes et plus forte économiquement.