« Le système électrique va connaître plus de changements dans les 5 ans à venir qu’au cours des 50 dernières années »
Les mutations du secteur énergétique posent de nouveaux défis et demandent davantage de flexibilité au réseau de transport d’électricité.
Quels sont les enjeux pour RTE à l’aune de la transition énergétique ?
Le monde énergétique vit une profonde mutation. Le système électrique va connaître plus de changements dans les 5 ans à venir qu’au cours des 50 dernières années. De nouveaux comportements électriques, comme l’autoconsommation ou l’autoproduction, se développent. Les usages de l’électricité, avec les voitures électriques, les routes solaires, les « smart cities », vont se multiplier. Les territoires deviennent prescripteurs de politiques énergétiques. Hier circonscrit à une poignée d’entreprises, le système électrique s’ouvre à une multitude d’acteurs. Le développement des énergies renouvelables (EnR) modifie aussi cet équilibre. Grâce à la transition énergétique, elles représentent désormais plus de 35% des capacités de production installées en France. Ces énergies, par définition intermittentes, génèrent des pics de production que nous devons pouvoir accueillir sur notre réseau pour permettre à la société de bénéficier d’une électricité décarbonée à moindre coût. Ces mutations posent de nouveaux défis, et demandent davantage de flexibilité au réseau de transport d’électricité, dont l’une des missions est d’équilibrer en temps réel, seconde après seconde, la production et la consommation.
Comment prenez-vous en compte la numérisation du secteur ?
Les technologies du numérique sont un formidable levier qui transforme la gestion, le développement et l’exploitation du réseau.
Equilibrer en temps réel, seconde après seconde, la production et la consommation.
Nous utilisons par exemple des capteurs de vent sur les lignes à très haute tension pour mesurer le refroidissement opéré par le vent sur une ligne et intégrer ainsi au moins 30% d’énergie supplémentaire, à infrastructure égale ! Demain, avec ces nouvelles technologies, près de 3 millions de données devront être traitées en temps réel. RTE prévoit d’ici 2030 la numérisation de l’ensemble de nos postes électriques et l’équipement de 50% du réseau par des appareils de monitoring. L’exploitation des données permettra plus de fiabilité et plus d’efficacité, pour un meilleur service rendu à la collectivité.
Le rôle de RTE est-il modifié par la montée en puissance des échanges européens et des mix énergétiques ?
Les échanges avec nos voisins vont augmenter. En Europe, le parc de production photovoltaïque et éolien a été multiplié par 3 au cours des 10 dernières années. Les flux d’électricité ont été modifiés en conséquence pour assurer le passage des électrons. Le réseau européen doit continuer à s’adapter. Notre schéma décennal prévoit d’accroître les capacités d’interconnexion avec tous nos voisins (par le biais de nouvelles infrastructures ou le renforcement d’infrastructures existantes). Ces évolutions permettront aux producteurs d’énergies renouvelables de disposer de nouveaux débouchés commerciaux et d’assurer l’alimentation de l’Europe lorsque vent et soleil ne sont pas au rendez-vous. Le réseau de transport, par son maillage, permet de mutualiser les moyens de production à l’échelon local, national et européen. Il est l’expression concrète de la solidarité entre les territoires.