L’avancée des technologies impacte le secteur
Sur un marché encore dominé par les monopoles historiques, la numérisation est en passe de bouleverser la donne, encouragée par les nouvelles attentes des consommateurs.
L’introduction du numérique dans le secteur énergétique impacte toutes les pratiques, de la relation client aux activités liées à l’outil industriel, mais aussi à la culture même des énergéticiens. Ce nouveau paradigme intervient aussi sur toute la chaîne de valeur : le réseau, en amont dans la production, ou encore en aval, dans les foyers. Avec le numérique, les énergéticiens voient également, non sans crainte, débarquer sur leur pré carré une série d’acteurs des nouvelles technologies de l’information (notamment les GAFA) ou des télécoms. Les grands énergéticiens s’engagent donc à marche forcée dans cette digitalisation de leurs activités. En France, ils y consacrent de l’ordre de 20% de leurs dépenses annuelles.
Les réseaux au cœur de la transition
Les réseaux intelligents, ou smart grids, jouent un rôle majeur dans la transition énergétique. Face à la multitude des nouveaux besoins et des sources renouvelables, à la nécessaire maîtrise des consommations, les réseaux doivent s’adapter et disposer de flexibilité et d’agilité. Les smart grids reposent sur des technologies numériques afin d’ajuster les flux d’électricité ou de gaz, voire de chaleur entre les fournisseurs de plus en plus nombreux et les consommateurs. Le réseau rendu intelligent collecte les informations à la fois sur l’état du réseau, mais aussi sur les données de consommation des clients. Le déploiement des compteurs communicants, tels que Linky par Enedis et Gazpar par GRDF, facilite l’accès aux données pour les ménages qui peuvent ainsi suivre leur demande et la moduler afin de réduire leurs coûts, voire de participer à l’équilibre du réseau. Ils constituent la première brique des smart grids.
Le numérique jusqu’au foyer
La montée en puissance des objets connectés facilite la transition énergétique. Thermostats intelligents et ampoules connectées jouent un rôle dans les foyers pour maîtriser et réduire les consommations d’énergie. La technologie blockchain appliquée à l’énergie autorise les échanges d’électricité avec des bâtiments voisins et facilite la mise en œuvre de communautés d’énergie désireuses de consommer « vert ». L’autoconsommation facilite ce virage. Le tout en s’affranchissant des intermédiaires. L’IoT fait l’objet de toute l’attention des fournisseurs d’électricité qui proposent désormais des « box » à l’image de ce qu’ont fait les télécoms. Des objets capables à la fois d’améliorer le confort énergétique de la maison et de rendre des services jusqu’alors proposés par les GAFA ou les opérateurs numériques. Nombre d’expérimentations sont en cours, boostées par les récentes décisions en matière d’autoconsommation collective. Les territoires et les villes peuvent s’emparer de ces nouveaux outils pour faire des choix énergétiques et améliorer leur gestion de l’énergie. C’est la « smart city » ou la « smart community ».
Innover, toujours innover
Ces nouveaux modèles forcent les acteurs du marché à se mettre en mouvement. L’innovation se fait en interne, mais aussi en rachetant, ou en impliquant des start-ups de plus en plus nombreuses dans le secteur énergétique. En septembre 2017, EDF a lancé une pépinière à start-up, EDF Nouveaux Business. Fonds d’investissement et incubateur, cet instrument prévoit d’investir 40 millions d’euros en deux ans dans 10 start-up autour de la transition énergétique. RTE a de son côté fait un appel à projets pour le réseau de transport.