Mis sous pression par la transition énergétique, les énergéticiens s’adaptent
Prenant le pas sur la libéralisation du secteur, la transition énergétique bouscule les acteurs de l’énergie sur le plan économique, sociétal, mais aussi technologique.
Après la libéralisation du secteur énergétique européen bousculant leurs business model d’origine, la transition énergétique provoque de profondes mutations chez les acteurs de l’énergie. Amplifiée par la nécessité de préserver le climat, cette transition énergétique s’est imposée aux acteurs. Le mouvement s’accélère aujourd’hui grâce à la baisse des coûts des technologies renouvelables et à l’innovation numérique qui redéfinit le rôle du client et des énergéticiens.
La libéralisation, premier bouleversement
La libéralisation de l’énergie en Europe a entraîné une lutte entre les acteurs historiques européens. Perdant des marchés chez eux, ils sont allés chercher la croissance à l’étranger. Nombre d’entités moins solides au niveau européen ont été intégrés à de plus grands oligopoles transnationaux. Faisant partie du Top 5, EDF et Engie ont su tirer leur épingle de ce jeu. En parallèle, poussée par sa politique climat, l’Union européenne a donné la priorité aux énergies renouvelables. Cumulé au maintien des capacités existantes de production, cela a généré une chute des prix de gros de l’électricité sur le marché. Et des difficultés pour les acteurs historiques disposant de grandes centrales. Celles-ci ne trouvent plus aujourd’hui de rentabilité, et pénalisent financièrement leurs opérateurs. Pour les plus polluantes, la législation européenne obligeant à réduire les émissions de CO2 a quasiment signé leur arrêt de mort à moyen terme.
La transition énergétique booste le changement
Le mouvement de concentration issu de la libéralisation des marchés de l’énergie s’est accompagné d’un surgissement de nouveaux acteurs. Plus souples, ils misent sur les services aux clients ou l’appétence grandissante de ceux-ci pour le renouvelable dont les prix chutent. En France, des sociétés comme Enercoop en ont fait leur cheval de bataille, visant un marché désireux de consommer « vert » tout en participant à la transition énergétique.
La transition énergétique accélère la mutation des acteurs.
D’autres, pariant sur la numérisation de la commercialisation (offres en ligne) ont cherché à tirer les prix vers le bas, comme Direct Energie, tout en mettant en place un panel d’offres d’énergies renouvelables (EnR) et de services dans les foyers. La montée en puissance des renouvelables et l’irruption du numérique favorisent aussi l’émergence de nouveaux acteurs. Font florès agrégateurs d’effacement ou de production, producteurs renouvelables, stockeurs, start-ups spécialisées dans l’optimisation énergétique, sans oublier les derniers arrivés sur le secteur, les autoconsommateurs ou « prosumers ». Mais la transition énergétique, c’est également une baisse annoncée des consommations, notamment dans les bâtiments, mais aussi dans les transports. Pour les fournisseurs d’énergie, ce recul en volume des ventes pose question. Face à la mutation de leur secteur, les grands énergéticiens n’ont eu d’autre choix que de se réinventer et de s’adapter face à ces nouveaux défis. Les acquisitions de PME spécialisées dans ce domaine sont à la hausse ces dernières années. Total fait son entrée dans l’électricité, via des rachats successifs (de Lampiris, puis de Direct Energie). EDF se tourne vers le solaire et le stockage et Engie fait de la transition énergétique son cœur de métier.