Questions à… Natacha Bouchart
Quelle est aujourd’hui la situation à Calais ?
Bien que le nombre de migrants ne soit plus du même ordre que celui que nous avons connu entre 2014 et fin 2016, il serait illusoire de considérer que le démantèlement de la « jungle » a mis un terme à la problématique migratoire de la ville.
Les migrants, essentiellement de jeunes hommes d’origine érythréenne, soudanaise et afghane, seraient actuellement entre 400 et 500 à Calais. La plupart ne demande pas l’asile et se place en situation de délit permanent en causant des troubles à l’ordre public. Leur objectif est de se rendre en Angleterre, pas de rester.
Quelles sont les principales difficultés engendrées par ces migrants ?
Elles s’inscrivent principalement dans le champ de la sécurité, de l’économie et de l’attractivité du territoire. Sur le volet de la sécurité, l’envahissement de la rocade portuaire et les barrages qui y sont placés ainsi que les jets de troncs d’arbres et autres projectiles constituent bien évidemment un danger.
L’économie locale a été impactée. Chefs d’entreprises, restaurateurs, commerçants ou artisans, la plupart déplore une baisse significative du chiffre d’affaires. Enfin, les vidéos de Calais, diffusées en permanence, pendant des mois et dans le monde entier, ont durablement terni notre image et renforcé la complexité à attirer de nouveaux investisseurs sur le territoire.
Comment réagit la population ?
Elle fait face à cette situation unique en France avec courage et dignité depuis des années. Aujourd’hui, sa fatigue et son exaspération sont profondes. Les Calaisiens ne demandent ni plus ni moins que d’être traités avec la même considération que n’importe quel citoyen français.
Propos recueillis par Émilie Denètre