Questions à… Pascal Brice
Pour vous, l’Europe n’a pas été à la hauteur de la crise migratoire en 2015 ?
Non. Il est également clair qu’aujourd’hui les dysfonctionnements sont tels que le système européen ne permet pas une instruction dans de bonnes conditions des demandes d’asile. L’idée de pouvoir instruire les demandes d’asile des personnes qui arrivent sur le sol européen aux frontières extérieures de l’Union, en Italie et Grèce – des hot spots -, en vue d’un accueil des personnes reconnues réfugiées un peu partout en Europe, serait la bonne solution.
Pourquoi êtes-vous favorable à la création d’un OFPRA européen ?
Il y a déjà un niveau d’harmonisation important en Europe, par l’intermédiaire de directives européennes notamment, mais on voit bien qu’il faut aller encore plus loin ! Il n’y a pas de reconnaissance mutuelle des décisions entre les OFPRA nationaux. Il s’agirait de se doter d’un OFPRA européen et indépendant, sur le modèle français.
En effet, dans certains pays européens, la question de l’indépendance n’est pas aussi claire et cela entraîne une gestion politique de la demande d’asile, ce qui est problématique. Cet OFPRA européen pourrait instruire les demandes d’asile dans les « hot spots ».
Y a-t-il urgence ?
Le plus fort de la « crise » est aujourd’hui passé, mais il y a toujours des arrivées qui continuent à se faire dans le désordre, avec parfois des issues dramatiques dans la Méditerranée. Oui, il y a urgence, non pas parce que nous serions submergés par les demandes d’asile, mais plutôt parce que les constats de dysfonctionnements sont criants et dramatiques et appellent à trouver maintenant des solutions.
Propos recueillis par Emilie Denètre