Les personnes réfugiées représentent 0,3% de la population française
Quel est le nombre de réfugiés vivant en France ?
En 2018, ce public représente environ 230 000 personnes, dont 32 000 ont obtenu le statut en 2017. L’ensemble des réfugiés correspond à 0,3% de la population française.
Votre mission consiste notamment à leur trouver des logements durables dès leur l’arrivée…
Le logement pérenne est une condition indispensable pour pouvoir envisager un avenir. Lorsque vous ne savez pas où dormir, il est impossible de se concentrer pour apprendre le français, s’impliquer dans une formation professionnelle ou dans des études. Dans les villes qui présentent un marché immobilier tendu, nous menons une étroite coopération avec les collectivités locales, les bailleurs privés et sociaux ainsi que les associations qui accompagnent les familles.
Le débat public ne reflète pas le sens de l’accueil de bon nombre de Français
Au fur et à mesure des années, nous constatons que les personnes réfugiées s’avèrent être de bons payeurs, respectueuses des lieux et surtout extrêmement motivées pour s’intégrer et réussir professionnellement. Ce bilan positif nous permet d’entretenir une collaboration efficace avec les bailleurs.
Par ailleurs, de nombreuses villes et villages n’ont pas cette tension sur le marché immobilier. Au contraire, certains cœurs de ville dépérissent, certaines écoles ferment faute d’enfants, les employeurs peinent à recruter. Pour ces territoires, l’arrivée d’une famille de réfugiés peut être synonyme de dynamisme et de renouveau.
Quels autres leviers comptez-vous actionner pour mieux intégrer les réfugiés ?
Pour réussir une intégration, il faut réunir les conditions matérielles. Parvenir à une ouverture des droits sociaux rapidement est une de mes missions au même titre que l’accès à un logement pérenne. Mieux intégrer les personnes réfugiées passe aussi et surtout par la langue. Il s’agit d’augmenter le nombre d’heures de français plafonné, aujourd’hui, à 200 heures. Pour beaucoup, cela n’est pas suffisant et pouvoir offrir jusqu’à 400 heures est indispensable.
Un autre axe de mon action est celui de l’emploi et de la formation. Je souhaite permettre aux personnes réfugiées de rentrer pleinement sur le marché du travail. Dans cette optique, je propose de multiplier les « job dating » dans tous les territoires afin de provoquer la rencontre entre les employeurs et les personnes réfugiées.
Pour ceux qui n’ont pas de qualification, l’accès à la formation professionnelle doit être facilité, en lien avec les métiers pour lesquels les employeurs ont du mal à recruter. L’intégration, c’est aussi pouvoir s’immerger dans la culture française. Pour ce faire, je souhaite que la culture et le sport soient accessibles au public réfugié.
Qu’est-ce qui « pêche » le plus en matière d’accueil et d’intégration des réfugiés ?
Aujourd’hui, le débat public ne reflète pas la générosité et le sens de l’accueil de bon nombre de Français. L’action des associations et de leurs bénévoles montre tous les jours la richesse humaine et culturelle que nous apportent les personnes réfugiées.
Certains tentent de nous faire croire, par l’instrumentalisation des peurs ou un habillage des chiffres, que la société française ne peut plus accueillir. Pourtant, la réalité se trouve dans ces belles histoires qui font de ces personnes déracinées, exilées, mais finalement accueillies et intégrées en France, nos futurs voisins, collègues, amis.
Propos recueillis par Emilie Denètre