Questions à… Jean-François Delfraissy
Pourquoi ouvrir ce débat aux citoyens ?
Sur des sujets aussi complexes, touchant directement la société, la construction doit être partagée. Les experts et les politiques ont leur place, mais les citoyens doivent également s’en imprégner et éventuellement donner leur opinion avec des arguments étayés.
Cet événement de démocratie sanitaire est essentiel car de grands choix vont être faits.
Quel bilan dressez-vous des états généraux ?
J’ai affirmé dès le début qu’il serait difficile d’intéresser les gens à ces sujets. Mais il me semble qu’on en parle, notamment dans les médias. La PMA et la fin de vie ont dominé, dans les contributions sur internet et dans les débats.
Peut-être parce qu’il s’agit d’enjeux touchant tout le monde, et parce que les journalistes s’en sont beaucoup emparés, contrairement aux sujets tels que la génomique, plus lourds et complexes à traiter.
Quant à l’utilité des états généraux, les critiques annonçant que « tout est joué d’avance » se trompent. Au cœur du réacteur, je peux affirmer que rien n’est décidé, même au plus haut niveau politique.
Y a-t-il un décalage entre les attentes des scientifiques et celles de la société ?
Oui, comme la recherche sur l’embryon par exemple : d’un côté, la communauté scientifique dénonce le fait de ne pas pouvoir faire de recherche sur l’embryon ; de l’autre, une part de la société refuse que l’on manipule l’embryon pour la recherche.
Néanmoins, concernant des sujets tels que l’utilisation des ciseaux génétiques sur des cellules germinales (lire p. 21) ou encore l’implication du numérique dans la santé, il y a une commune prudence.
Propos recueillis par Félicité de Maupeou