Les politiques tendent à confier la bioéthique aux experts
La progression des droits individuels dans le champ de la bioéthique fait craindre au professeur Bertrand Mathieu que ces droits, de plus en plus nombreux, entrent en « collusion » et, à long terme, fassent « exploser le droit ».
Dans le cas d’une GPA, par exemple, des contentieux apparaissent déjà entre le droit des parents d’intention et celui des parents biologiques.
Les risques de lobbyisme sont présents.
Ainsi, dans certains pays, les mères porteuses ont interdiction d’avorter ou de fumer. Des interdits qui mettent en péril leurs propres droits et créent des conflits. «
Comme souvent, ceux-ci se résolvent par la victoire des droits des personnes les plus fortes intellectuellement et financièrement », constate Bertrand Mathieu, rappelant l’importance ici du législateur et de la loi, « dont la mission première est de protéger le plus faible ».
Une déresponsabilisation du législateur
Las ! Devant la complexité des sujets bioéthiques, les élus s’en remettent en grande partie à des « experts ». Les avis du CCNE et de l’Agence de biomédecine, principalement composés de scientifiques, font autorité.
De quoi faire craindre au professeur Jean-René Binet, auteur de Droit de la bioéthique (2017), « une déresponsabilisation du législateur » et, avec le retrait du politique, une « prépondérance des intérêts du secteur biomédical » dans les débats.
Or « on peut estimer que les scientifiques et les médecins sont à la fois bien et mal placés pour participer à l’écriture de la loi. Les risques de lobbyisme et de conflits d’intérêts sont en effet très présents ».
Félicité de Maupeou