L’innovation au service de l’agro-écologie
Ursule, un groupement agricole d’exploitation en commun (GAEC) situé en Vendée est engagé en bio depuis 2000. C’est un modèle d’abondance dans tous les sens du terme. L’exploitation est ainsi créatrice d’emplois : quatre associés, trois salariés et un apprenti travaillent sur un terrain de 260 hectares.
Malgré des conditions difficiles (terres à 70% argilo-calcaires et à 30% composées de limons sur schistes), leur agriculture est productive si l’on se réfère aux chiffres (2016).
La polyculture-élevage accroît la productivité globale du système.
Ils élèvent 110 vaches laitières (630 tonnes de lait), 40 génisses, 65 veaux, 4 bœufs et veillent sur un poulailler de 640 mètres carrés (soit 59 tonnes de viande de volaille et 7,5 tonnes de viande bovine) ; ils cultivent 100 tonnes de paille, 100 tonnes de foin et 400 tonnes de céréales et protéagineux (blé meunier, pois, féverole, lupin, orge, etc.) ; à cela s’ajoutent 30 tonnes d’huile de colza et de tournesol et 40 tonnes de tourteaux.
Enfin, grâce au photovoltaïque et à la méthanisation, ils produisent 150 000 kilowatts-heure d’électricité. En outre, d’un point de vue environnemental, Ursule est parvenu à développer une agriculture sans aucun intrant de synthèse, dans une autonomie maximale.
Une approche innovante et holistique
Comment ? Sur la base de deux grands principes d’action. Le premier vise à tirer profit des processus de régulation naturelle et à cultiver la biodiversité, notamment en préservant le bocage vendéen.
Ainsi, les parcelles de culture ne mesurent pas plus de 6 hectares et sont entourées de haies : « Nous reproduisons la nature, si cohérente, à l’échelle de notre exploitation agricole. Par exemple, les haies maintiennent les auxiliaires des cultures, telles les coccinelles, qui s’attaquent aux pucerons », explique Marie Schwab, l’une des associées.
Le deuxième levier consiste à « ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier », affirme-t-elle, pour pouvoir affronter les aléas climatiques et économiques. Ce qui implique une ingénieuse approche holistique, loin de la spécialisation agricole.
Comme le résume Jacques Moreau, cofondateur de ce GAEC et père de Marie Schwab, « Ursule pratique la polyculture-élevage, car le troupeau est nécessaire aux cultures. Le bétail, nourri à l’herbe en pâturage, valorise les terres peu cultivables et apporte de la matière organique, ce qui permet d’accroître la productivité globale du système ».
Sa fille renchérit : « Nous associons 10 à 15 différentes variétés de céréales sur une même parcelle. Grâce à ce mélange, quel que soit le climat, il y a forcément une espèce qui s’en sort bien. »
Une belle qualité de vie
Autres techniques employées : le tri à la récolte (le GAEC développe ses propres semences) ; le recours aux plantes (dont des légumineuses) pour fournir de l’azote et nourrir le sol ; la rotation des cultures ; un labour non systématique et peu profond (à 12 centimètres).
Sans oublier l’innovation : un GPS guide le matériel agricole au centimètre près, un robot racle le lisier et le fumier l’hiver et Ursule possède une salle de traite rotative. Jacques Moreau conclut : « Le gros avantage de notre structure est que nous avons plein d’activités. S’il y en a une qui échoue, on assure quand même un revenu grâce au reste. »
A tel point que les paysans-chercheurs du GAEC Ursule, en plus de leur belle qualité de vie, s’offrent quatre semaines de congés par an.
Aude Raux