Des potagers perchés sur les toits de Paris
Un mercredi matin, bien alignés à l’image d’une rangée de carottes dans un jardin, dix élèves d’une classe de CM2 s’apprêtent à grimper jusqu’à leur potager de 300 mètres carrés. Sous le ciel de Paris, le toit-terrasse de l’école publique élémentaire Tanger, dans le 19e arrondissement, recèle de choux, betteraves et navets, qui poussent suivant les techniques de l’agriculture biologique.
A l’origine de ces « racines du ciel » : Veni Verdi, une association fondée en 2010 par Nadine Lahoud. La capitale étant une ville très dense, la Parisienne d’origine libanaise a imaginé recouvrir les toits de cette jungle urbaine de jardins comestibles, pédagogiques et participatifs : « Je souhaitais transmettre à ces petits citadins les capacités de bienveillance et d’émerveillement face au cycle naturel du vivant. »
Veni Verdi veille sur sept potagers aménagés.
Aujourd’hui, Veni Verdi veille sur sept potagers aménagés, non seulement, dans des établissements scolaires, mais aussi au sein d’équipements publics et d’entreprises.
Comme sur le toit-terrasse d’Enedis dans le 2e arrondissement. De temps à autre,
Marianne Tomadini, appui métier RH dans cette société, monte dans le potager de 220 mètres carrés pour aider à désherber ou à ramasser des pommes de terre.
« Grâce au potager, on se rend compte de l’effort et de la patience qu’il faut pour faire pousser ce que l’on mange, constate-t-elle. Contempler cette nature, c’est ma pause cigarette ! » Chaque jeudi midi, elle achète les légumes, fruits, fleurs et aromates bio fraîchement récoltés par Emilie Giafferi, salariée de Veni Verdi.
« Aujourd’hui, je vais prendre des tomates, des concombres, un mélange de mâche et roquette, mais… sans la limace ! », demande-t-elle à cette dernière, installée derrière son stand dans le hall de la société.
« Oh ! je ne l’avais pas vue ! », s’excuse Emilie. « Ce n’est pas grave, je la préfère aux pesticides, c’est moins dangereux ! », sourit Marianne.
Aude Raux
22 millions d’euros alloués à Parisculteurs
En 2016, la Mairie de Paris a lancé un appel à projets baptisé Parisculteurs, dont l’objectif est de faire pousser 30 hectares de potagers urbains dans la capitale d’ici 2030. Fin 2017, 11 sites étaient en exploitation et 120 emplois créés, dont 50 en insertion, pour cultiver les nouvelles plantations et assurer la vente des produits.
Particuliers, restaurateurs, salariés… il revient au porteur de chaque projet de cibler sa clientèle. Sur les bâtiments sélectionnés, la municipalité a entrepris des travaux (réfection d’étanchéité, aménagement de garde-corps, d’escaliers…) avant de les mettre à disposition des lauréats.
Un assistant en maîtrise d’ouvrage les accompagne pour tout ce qui a trait aux installations techniques. « Dans un ou deux ans, ils seront en capacité de travailler seuls », assure Pénélope Komitès, l’élue chargée des espaces verts.
Un budget de 22 millions d’euros a été alloué sur la mandature, la ville comptant sur ses partenaires (entreprises et acteurs publics) pour apporter une aide complémentaire.
Romane Lizée