Un berger en forêt de Fontainebleau
Alexandre Faucher, le berger a réintroduit le pastoralisme à moins de 70 kilomètres de Paris.
Quand on aperçoit le troupeau d’Alexandre Faucher qui transhume sur les routes départementales de Fontainebleau (Seine-et-Marne), on se dit qu’on a dû trop compter les moutons. Mais non, on ne rêve pas ! Depuis le printemps 2015, ce jeune homme de 26 ans exerce l’activité de berger en forêt de Fontainebleau.
En coopération avec l’Office national des forêts (ONF), Alexandre Faucher fait paître son troupeau de près de 200 brebis solognotes, une race ancienne, sur 180 hectares de forêt. Au lieu d’entretenir mécaniquement les espaces ouverts, il propose une solution écologique.
La nature, on ne la protège pas en la mettant sous cloche !
« C’est pour pérenniser les milieux ouverts du massif forestier de Fontainebleau, que j’ai eu cette idée, explique-t-il. Les pelouses, les landes et les chaos rocheux, où paissent mes brebis, abritent une biodiversité végétale et animale caractéristique de cette forêt, comme les oiseaux nichant au sol. »
Vente en direct de viande d’agneau bio
Alexandre Faucher vend en direct sa viande d’agneau bio à quatre Amap situées à proximité et à quelques agents de l’ONF. Le site étant protégé par le réseau européen Natura 2000, il bénéficie également d’un contrat de prestations de service avec l’Union européenne, via l’ONF, pour sa mission d’écopâturage.
« La nature, observe-t-il, on ne la protège pas en la mettant sous cloche. La seule façon, c’est de lui donner une valeur économique, puisqu’il n’y a malheureusement que cela qui compte dans notre société. »
Les Champs des possibles, une couveuse agricole
Après avoir grandi en HLM à Melun (Seine-et-Marne), Alexandre Faucher a passé un Bac agricole, puis un BTS gestion et protection de la nature. « C’est mon père qui m’a fait découvrir la nature, se souvient-il. Quand j’étais petit, il m’emmenait me promener en forêt de Fontainebleau. »
Alors qu’il est en contrat d’apprentissage au conseil départemental de Seine-et-Marne, en charge des inventaires au bureau des Espaces naturels sensibles, il rencontre une bergère…
« Cela a été le déclic, sourit-il. Jamais je ne me serais autorisé à penser faire un tel métier. Mais recenser les oiseaux et les fleurs, cela m’a vite ennuyé. Je me sentais inutile derrière mon bureau. »
L’agropastoralisme a été abandonné au XXe siècle.
Pour monter son projet de pastoralisme, Alexandre Faucher a intégré la couveuse d’activités agricoles et rurales de la région Ile-de-France Les Champs des possibles.
Constatant le manque d’installations bio dans ce territoire et face à l’accroissement de la demande des consommateurs en produits agricoles bio et régionaux, le réseau des Amap d’Ile-de-France a fondé cette coopérative, en 2009.
Sous la houlette des Champs des possibles, un espace-test d’activités agricoles et rurales permet d’agir concrètement en faveur des paysans qui souhaitent s’installer dans la région afin d’y développer une activité agricole respectueuse de l’environnement et proche du consomm’acteur.
Comme le rappelle l’ONF, jusqu’au XVIIe siècle, plus de 15 000 bovins, ovins et porcins pâturaient en forêt de Fontainebleau. L’agropastoralisme a été abandonné au XXe siècle.
« Sur les tableaux qu’on peut voir au musée du château, il y a toujours des scènes pastorales, conclut Alexandre Faucher. Pour moi, renouer avec cette tradition, c’est un vrai challenge agroenvironnemental. »
Propos recueillis par Alexandre Faucher