La bio crée des richesses de proximité non dé localisables
L’agriculture biologique est un levier pour le développement durable dans les territoires français. Nombreux sont ses bénéfices, non seulement écologiques, mais aussi socio-économiques.
«L’intérêt premier de l’agriculture bio est d’ordre socio-économique », observe Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab. « La bio, précise-t-elle, permet la création de valeur ajoutée : directement, dans les exploitations agricoles et, indirectement, dans les entreprises de transformation et de distribution. Et qui dit bio dit local, par conséquent, ce sont autant de richesses de proximité non délocalisables. »
Rappelons que 71% des produits bio consommés en France proviennent des territoires français. Une analyse que confortent deux experts de l’agriculture, dans une tribune publiée dans « Le Monde » en date du 21 juillet 2017.
Harold Levrel, professeur à AgroParisTech, et Denis Couvet, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, écrivent ainsi : « La production bio, secteur pourtant peu subventionné, est économiquement profitable. Les bénéfices générés sont bien meilleurs que dans le conventionnel, entre 22% et 35%.
Les ratios coûts-bénéfices sont eux aussi supérieurs au conventionnel, de 20 à 24%. » Les deux spécialistes soulignent « qu’en plus d’être économiquement rentable, la production bio crée plus d’emplois que le conventionnel pour des surfaces équivalentes, de l’ordre de 10 à 20% ».
Viable, rentable et créateur d’emplois
Concernant la relocalisation, les deux experts remarquent que « dans un marché de plus en plus mondialisé, où la volatilité des prix met en difficulté les modèles économiques traditionnels, la production bio permet de relocaliser les marchés avec un système de fixation du prix qui ne répond pas aux mêmes logiques que celles du conventionnel.
Le consommateur de produits bio est en effet attaché à l’origine du produit et au mode de distribution, tels les marchés locaux ». A tel point que l’agriculture urbaine se développe au sein même des villes de France.
71% des produits bio consommés proviennent de nos territoires.
Bientôt suivi par le déploiement de ceintures vertes ? Ces espaces autour des villes, en privilégiant l’agriculture bio, permettraient de relocaliser la nourriture et de limiter l’étalement urbain qui grignote les terres arables.
Enfin, concernant le coût, les deux professeurs notent que « la production bio peut nourrir la France entière à un coût qui n’est pas beaucoup plus élevé que le conventionnel : de 5% à 10% en moyenne. Ce qui pourrait être facilement couvert par les subventions disponibles, tout en générant des bénéfices sociaux et écologiques majeurs ».
Des atouts pour l’environnement et la santé
Au-delà de ces atouts socio-économiques, Stéphanie Pageot met en avant le bénéfice écologique : « Grâce à l’agriculture biologique, les territoires peuvent reconquérir la qualité de l’eau pour leurs habitants. A l’instar des aliments, c’est une question vitale de santé publique. »
Elle constate aussi qu’il en est de même pour la biodiversité : « La bio étant basée sur des pratiques respectueuses de l’environnement, elle permet de protéger toute la chaîne de la biodiversité. La faune et la flore, mais aussi les paysages, puisque les paysans en bio sauvegardent, par exemple, les haies, talus et prairies, refuges de nombreux animaux.»
Ses paroles font écho à celles de Maud Lelièvre, déléguée générale de l’association Les Eco Maires : « En travaillant la terre de façon écologique, les agriculteurs bio rendent service à la collectivité, grâce, notamment, à leur faible empreinte carbone. Ils permettent également d’assurer la sécurité alimentaire des territoires face à la menace climatique. »
Et de lancer cet appel : « Il faut accompagner les conversions et les installations en agriculture biologique dans les territoires ! »
Aude Raux