Les Français ont un appétit croissant pour les aliments issus de l’agriculture bio
Les consommateurs sont de plus en plus gourmands d’aliments issus de l’agriculture biologique. Une grande majorité de Français fait confiance à ce mode de production qu’elle estime bon pour la santé et l’environnement.
Tous les signaux de l’agriculture biologique en France sont au vert ! », s’enthousiasme Florent Guhl. Le directeur de l’Agence BIO donne pour preuve ces chiffres, qu’il a dévoilés le 22 février dernier : 36 664 producteurs étaient engagés dans l’agriculture biologique au 31 décembre 2017, soit une augmentation de 13,6% par rapport à 2016.
Au total, 6,5% de la surface agricole utile des exploitations françaises est cultivée en bio (avec 520 000 hectares en conversion), ce qui place le pays au troisième rang de l’Union européenne.
Parallèlement, les professionnels de la transformation, distribution, importation et exportation sont au nombre de 17 276, soit une augmentation de 16% (par rapport à 2016). « Ces excellents chiffres, constate Florent Guhl, sont portés par une consommation des produits biologiques qui ne cesse de se renforcer. »
En 2017, le marché des produits alimentaires biologiques, incluant a restauration hors domicile (+ 16%), dépassait les 8 milliards d’euros. Conclusion : « Le bio demeure le facteur de croissance majeur du secteur alimentaire », poursuit-il.
82% des Français font confiance aux aliments bio
Comment expliquer un tel engouement ? A en croire Florent Guhl, « la mondialisation est allée beaucoup trop loin. Les consommateurs, qui ne savent plus ce qu’ils consomment, veulent être rassurés ». Et de pointer du doigt les scandales sanitaires en cascade : de la vache folle à Lactalis, en passant par la viande de cheval dans les lasagnes et les œufs contaminés au Fipronil (un insecticide).
« L’agriculture biologique leur garantit un contrôle, une origine, une traçabilité. La santé arrive d’ailleurs en tête de leurs motivations », précise-t-il. En témoigne ce chiffre du Baromètre Agence BIO/CSA 2018 : 82% des personnes interrogées déclarent avoir confiance dans les produits issus de l’agriculture biologique.
Une démarche de progrès, en cohérence avec le vivant.
Une très grande majorité connaît ainsi ses principaux fondamentaux. Comme l’explique Stéphanie Pageot, présidente de la Fédération nationale d’agriculture biologique des régions de France (Fnab) : « La bio est bien plus qu’une certification qui répond à un cahier des charges bannissant les engrais et pesticides* de synthèse et les OGM. C’est une démarche de progrès. Ce mode de production est basé sur des principes agronomiques équilibrés entre l’homme, l’animal, le végétal et le sol.
En cohérence avec le vivant. »
C’est pourquoi 85% des Français estiment important de développer l’agriculture biologique. Le rapport alarmant sur les résidus de pesticides dans les fruits et légumes, publié le 20 février dernier par l’association Générations Futures, devrait conforter cette tendance. Tout comme la voix des associations de protection animale qui porte de plus en plus.
Le label bio européen, et sa déclinaison française « AB », garantit en effet, pour les animaux, un recours limité aux médicaments et traitements vétérinaires, un espace minimal et un accès au plein air.
85% des Français favorables au bio local
Conséquence : 73% des Français déclarent consommer un produit bio au moins une fois par mois. Ils sont 16% à en manger quotidiennement. Et plus d’un quart ont l’intention d’augmenter cette consommation. Autre enseignement de ce baromètre : 85% des Français se disent intéressés par du bio local. Et leurs attentes dépassent le seuil de leur foyer pour gagner la restauration scolaire, les restaurants et les lieux de travail.
En parallèle à cette quête de produits sains, l’offre commerciale, qui est devenue plus accessible et s’est diversifiée, est une autre clef du succès. Les enseignes spécialisées, comme Biocoop, se développent, tout comme les ventes en circuit court, mais aussi en grande distribution.
La crise du secteur agricole industriel permet également d’expliquer cet appétit croissant. Les agriculteurs sont de plus en plus nombreux à se convertir ou à s’installer en bio, en raison, notamment, de la chute des prix de vente du lait, de la viande et des céréales, des mauvaises récoltes de 2016 ou encore des cours fluctuants.
Rien d’étonnant à ce que le marché alimentaire des produits issus de l’agriculture biologique ait bondi de 82%, entre 2011 et 2016, selon l’Agence BIO.
* Un pesticide, ou produit phytosanitaire, est une substan ce de synthèse utilisée pour lutter contre des organismes considéréscomme nuisibles. Ce terme générique rassemble, notamment, les insecticides (contre les insectes ravageurs), les herbicides (contre les mauvaises herbes) comme le glyphosate de la firme Monsanto et les fongicides (contre les champignons indésirables).
Aude Raux