Développement du bio : une priorité
L’agriculture bio est-elle une opportunité pour tous ?
Je souhaite que ce secteur, exemplaire en termes d’innovation, d’emploi dans les territoires, de respect de l’environnement et du bien-être animal, de contractualisation entre l’ensemble des acteurs et de garantie de prix équitables tout au long de la chaîne de valeur, puisse se développer davantage.
Il représente une belle opportunité de développement harmonieux pour nos filières agricoles et agroalimentaires nationales et contribue à répondre à l’objectif de montée en gamme de la production nationale posé lors des Etats généraux de l’alimentation.
C’est pour cela que le gouvernement va accompagner cette production dans le cadre d’un nouveau programme Ambition bio 2022, avec l’objectif général de 15% de SAU bio en 2022.
Comment atteindre l’alimentation saine et durable fixée dans le projet de loi sur l’alimentation ?
Pour impulser la transition vers une alimentation plus saine, sûre, durable et accessible à tous, nous allons nous appuyer sur la restauration collective, un levier essentiel pour améliorer la qualité de l’alimentation pour tous et ce, dès le plus jeune âge.
Nous proposons que l’approvisionnement de la restauration collective publique se compose en 2022 d’au moins 50% de produits issus de l’agriculture bio, sous d’autres signes de qualité ou locaux. L’atteinte de cet objectif ambitieux, traduit dans le projet de loi, se fera de manière progressive et concertée.
Multiplier par 10 le nombre de fermes engagées dans l’agro-écologie.
Ainsi, un conseil national de la restauration collective sera mis en place pour que l’ensemble des acteurs impliqués puisse mener une réflexion commune et faire essaimer les bonnes pratiques, notamment grâce aux projets alimentaires territoriaux.
Quid de la séparation de la vente et du conseil sur les pesticides ?
Il s’agit, d’une part, que les agriculteurs bénéficient, au moins une fois par an, d’un conseil indépendant, individualisé, de qualité, qui encourage à penser la protection phytosanitaire sous l’angle de la prévention (ex. : sélection variétale, rotations) et des méthodes alternatives (ex. : biocontrôle) avant d’envisager de recourir à des produits phytopharmaceutiques.
Il s’agit, d’autre part, de s’assurer que les distributeurs et les applicateurs de produits phytopharmaceutiques ne puissent plus délivrer ce type de conseil et se limitent à la délivrance d’informations de sécurité (précautions d’emploi) imposée aux distributeurs par une directive européenne.
Une ordonnance précisant les conditions et modalités de cette séparation entre vente et conseil (séparation capitalistique des entités juridiques, indépendance des personnels) fera l’objet de textes d’application.
Quels sont les axes de votre Plan d’action sur les produits phytopharmaceutiques ?
Ce prochain plan aura pour principal objectif de diminuer rapidement l’utilisation des substances les plus préoccupantes pour la santé et l’environnement. Il visera aussi à structurer et renforcer la recherche sur les impacts des produits phytopharmaceutiques sur la santé.
Ce plan accompagnera également la recherche d’alternatives et la mise en œuvre de ces solutions par les agriculteurs. Enfin, il renforcera le plan Ecophyto II en améliorant sa gouvernance et son fonctionnement.
En parallèle, je souhaite multiplier par 10 le nombre de fermes engagées dans l’agro-écologie à bas niveau de produits phytosanitaires pour atteindre 30 000 fermes, soit 10% des exploitations françaises. Ces fermes, dites Dephy, mènent des expérimentations et produisent des références pour la réduction des produits phytosanitaires, tout en garantissant les résultats économiques des exploitations.
Ces fermes ont déjà démontré qu’il est possible de réduire l’usage des pesticides sans dégrader la rentabilité économique des exploitations.
Propos recueillis par Aude Raux