Au secours de la terre et de la vie
La bio permet de faire face à de nombreux enjeux : environnementaux – pollution de l’eau, du sol et de l’air, déclin de la biodiversité, changement climatique – mais aussi sociaux et sanitaires.
L’Hexagone est le premier pays consommateur de pesticides de synthèse en Europe et le troisième dans le monde. Le WWF France dénonce régulièrement l’usage de ces « poisons ». D’après une étude publiée en décembre 2017, « 93% des cours d’eau et 70% des eaux souterraines sont pollués par les pesticides ».
Le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) met également en garde contre la menace que fait peser l’agriculture industrielle sur la biodiversité : « Les insectes pollinisateurs, dont les abeilles et les papillons, sont en déclin. » Parce qu’elle bannit l’usage des produits phytosanitaires, la bio protège la terre, ceux qui la peuplent et ceux qui la cultivent.
Une agriculture respectueuse de la nature…
Tout en préservant la biodiversité et les ressources naturelles, telle l’eau, ce modèle agricole permet de faire face à l’enjeu climatique. D’après l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 25% des gaz à effet de serre sont dus à l’agriculture intensive qui est intrinsèquement énergivore et dépendante des énergies fossiles.
Devant ce sombre constat, Stéphanie Pageot, présidente de la Fnab, explique que « l’agriculture biologique, parce qu’elle implique notamment la rotation des cultures et l’utilisation de prairies temporaires à base d’herbe, joue un rôle capital dans la captation du carbone, conformément à l’initiative “4 pour 1 000” lancée par la France lors de la COP21 ».
Le bio protège la terre, ceux qui la peuplent et ceux qui la cultivent
De même, la bio permet une meilleure adaptation au dérèglement climatique : « Les pratiques d’agriculture bio bien diversifiées réduisent les risques climatiques, telles la sécheresse et les inondations. Plus on complexifie les cultures, plus elles sont résilientes. Au contraire du conventionnel, qui pousse à la spécialisation et à la rationalisation », précise l’ingénieure en agriculture.
… et des êtres vivants
Le WWF se met également à hauteur d’homme pour appeler de ses vœux à une transition agricole : « Un tiers des agriculteurs ont des revenus équivalents à 353 euros par mois. Et un agriculteur se suicide tous les deux jours ! » La bio pourrait les sauver de cette précarité qui les mène au drame.
Une étude publiée par l’Insee en décembre 2017 a ainsi démontré que les agriculteurs en bio des secteurs du vin, du maraîchage et de la production laitière avaient de meilleures performances économiques que leurs confrères du conventionnel.
Ce cercle vertueux de la bio inclut également un enjeu de santé publique. Le WWF rappelle ainsi que « la maladie de Parkinson et le lymphome non hodgkinien (cancer du sang) sont aujourd’hui reconnus comme maladies professionnelles d’agriculteurs en raison de l’exposition chronique de ces derniers aux pesticides ». En octobre 2017, des chercheurs européens ont publié dans la revue « Environmental Health » un rapport scientifique qui se base sur 280 études menées au niveau international.
Les experts recensent les effets bénéfiques du bio sur la santé. Telle une réduction du risque de développer un diabète de type 2, certains cancers (notamment la leucémie chez l’enfant) ou encore l’obésité. Le fait de manger bio limite aussi le développement de bactéries résistantes aux antibiotiques.
Parallèlement, ces scientifiques dénoncent une palette de troubles liés aux résidus de pesticides, parmi lesquels des retards du développement psychomoteur et mental chez l’enfant. Enfin, quand on sait que 90% du bétail élevé en France peut avoir été nourri avec du soja OGM, on se dit qu’il est temps de changer de régime.
Aude Raux