Dans les villages, le maire est le seul « interlocuteur de proximité » pour la sécurité
Si l’enquête « Cadre de vie et sécurité » de l’Insee montre chaque année que le nombre de délits dans les communes rurales est bien inférieur à celui des grandes agglomérations, pour Pauline Martin, maire (divers droite) de Meung-sur-Loire (Loiret) et rapporteure de la commission Sécurité de l’Association des maires de France (AMF), la lutte contre la délinquance dans les villages demeure un enjeu crucial.
« Le seuil de tolérance y est plus bas », souligne-t-elle. En outre, « on y constate, comme en ville, une perte de respect de l’uniforme ». On note même une « urbanisation des comportements délictueux », renchérit Éric Philippe, adjoint à la sécurité à Pont-de-Beauvoisin (Isère).
Un sentiment d’abandon renforcé par l’éloignement des brigades.
Par ailleurs, le lien de proximité entre les représentants de l’ordre et la population se dégrade, faute de moyens. Détachés sur d’autres missions que les patrouilles, « les gendarmes ne sont plus visibles dans les rues », observe Pauline Martin, « alors, les citoyens ne se sentent plus protégés par l’État ».
Un sentiment d’abandon renforcé par l’éloignement des brigades, qui ont fait l’objet de nombreux regroupements au cours des vingt dernières années : « En ville, on peut trouver un commissariat de police dans un rayon de 1 kilomètre, tandis que pour se rendre à la gendarmerie, il faut une voiture », rappelle le colonel Éric Freyssinet, chef de la mission numérique de la gendarmerie nationale.
Grâce à la brigade numérique, inaugurée le 27 février, l’officier supérieur espère renouer le lien, « malgré les problèmes de connectivité et d’accès au haut débit en milieu rural ».
Aujourd’hui, population et forces de l’ordre voient dans le maire le seul « interlocuteur de proximité » pour la sécurité, explique Pauline Martin, « même si ce n’est pas de son ressort ». Après dix ans de mandat, elle soutient « la collaboration entre les élus et les gendarmes » pour pallier le manque de connaissance du terrain.
Romane Lizée