Questions à… David Lisnard, maire de Cannes (LR)
Pourquoi demandez-vous à avoir plus de compétences sécuritaires ?
Je suis très attaché au modèle régalien, mais depuis trente ans, l’État est en déliquescence. Cet été, pour la première fois, je n’ai pas reçu de renforts de policiers nationaux. Nous sommes pourtant la deuxième destination touristique de France ! Le 14 juillet et le 15 août, il n’y avait dans l’agglomération qu’une ou deux équipes de la police nationale, alors que quelque 200 000 personnes arpentaient les rues et les bars.
On ne donne pas la possibilité au maire de travailler.
Dans un contexte de terrorisme, de délinquance et d’incivilités, j’ai besoin d’une présence policière satisfaisante en termes d’effectifs, de durée du temps de travail, de formation et d’équipement. Aujourd’hui, dans toutes les grandes villes exposées, sans la police municipale, le désordre règne. Il y a un réel problème d’organisation de l’État sur le terrain, et on ne donne pas la possibilité au maire de travailler.
Que préconisez-vous ?
Nous sommes face à un paradoxe : on nous rappelle sans cesse nos limites interventionnelles, tout en nous mobilisant de plus en plus. Pour consulter le fichier des véhicules volés, les policiers municipaux doivent adresser une demande à la police nationale. Pourquoi n’y ont-ils pas accès ? Il y a une hypocrisie.
Idem pour les accidents de la route. Certes, ils ne sont pas de leur ressort, mais on leur demande souvent d’intervenir. La police municipale est capable de dresser des procès verbaux. Donnons-lui l’autorisation de le faire !
Souhaitez-vous être davantage associé à la stratégie locale de sécurité?
Localement, ma collaboration avec le préfet se passe bien, mais je serais d’accord pour la formaliser davantage. Cependant, il ne faut pas que cela justifie un transfert de compétences non avoué. Si on nous donne plus de responsabilités, il nous faut plus de moyens !
De fait, si les images de nos 557 caméras de vidéo-protection, payées par la mairie et analysées par un agent municipal, sont ensuite transmises à l’État, c’est une sorte de transfert de compétences sans moyens.
Propos recueillis par Félicité de Maupeou