Faire participer les citoyens à l’évaluation de la police
Pour changer les pratiques policières, il faut modifier la manière dont celles-ci sont évaluées. En effet, comment demander à un policier de « faire du contact » avec la population si, in fine, il est jugé en fonction du nombre d’interpellations effectuées, comme cela est le cas aujourd’hui ? Sur le modèle de certains voisins européens, on pourrait imaginer un système mobilisant les citoyens.
« Ce n’est pas très compliqué à mettre en place : des bornes avec des boutons signifiant différents degrés de satisfaction pourraient être placées à la sortie des commissariats. Cela existe déjà après le passage sous un portique d’aéroport gardé par une société privée, développe le sociologue Sébastian Roché. On peut aussi imaginer des applications mobiles. »
Cette idée fait son chemin au ministère de l’Intérieur, où Gérard Collomb emploie même la notion de « satisfaction des usagers ». « Il n’y a pas un indicateur miracle, mais il faut diversifier les points de vue », avance Mathieu Zagrodzki, chercheur au Centre de recherche sociologique sur le droit et les institutions pénales (Cesdip).
Par exemple, en tenant également compte du sentiment d’insécurité, révélé par l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) ou par des sondages sur l’image de la police.
« Nous sommes au service des citoyens, donc pourquoi pas ? » réagit Stéphane Lantz, officier de police judiciaire dans les Yvelines (lire son interview page 16). Membre du collectif Mobilisation des policiers en colère (MPC), il pointe du doigt le système d’évaluation actuel. Une « politique du chiffre », instaurée par Nicolas Sarkozy lorsqu’il était place Beauvau, et qui a « tué le métier ».
Félicité de Maupeou