Coproduction de la sécurité : « Nous ne devons rien nous interdire »
Que répondez-vous aux collectivités qui souhaitent être davantage associées aux stratégies locales de sécurité ?
Aujourd’hui, la sécurité est une coproduction. Au niveau local, un grand nombre d’acteurs y participent et sont effectivement sollicités : élus, policiers municipaux, agents de la sécurité privée, service sociaux… Et le maire est souvent le premier interpellé par ses concitoyens sur le sujet de la tranquillité publique.
Je partage donc le constat que les stratégies de sécurité ne peuvent plus être définies puis appliquées uniquement pas nos policiers et gendarmes, mais bien en concertation avec l’ensemble des acteurs de ce continuum. Il s’agit pour moi d’une priorité.
C’est pourquoi j’ai tout d’abord demandé à deux parlementaires – Jean-Michel Fauvergue et Alice Thourot – de réfléchir aux missions incombant à chacun et à la manière dont nous pourrions améliorer leurs interactions. Sur ce sujet, nous ne devons rien nous interdire. Patrouilles mixtes, réseau radio et formations communes : je souhaite qu’une dimension partenariale renforcée en émerge.
Par ailleurs, j’ai demandé à ce que l’ensemble des 35 400 maires soient appelés au cours des deux prochains mois pour faire le point sur la politique de sécurité qu’ils ont pu mettre en place dans leur ville ou commune et, au besoin, définir de nouvelles stratégies locales.
La PSQ veut restaurer le lien avec la population, mais ne faudrait-il pas aussi des changements plus profonds ?
Renforcer le lien entre police et population est en effet une des priorités de la police de sécurité du quotidien (PSQ). Cela se traduira par une présence accrue de nos forces sur la voie publique. Si nous créons 10 000 postes de policiers et gendarmes, si nous misons sur le numérique, si nous voulons simplifier la procédure pénale, c’est bien pour permettre ce « retour au terrain ».
Parallèlement, nous engageons d’autres révolutions. La population sera davantage associée à l’évaluation de nos forces pour que, conformément aux engagements pris par le président de la République, le « service du citoyen revienne au cœur du métier de policier et gendarme ».
Par ailleurs, j’ai annoncé vouloir mettre fin à la seule politique par le chiffre. Les outils de reporting seront donc allégés. Car je préfère des policiers engagés dans le démantèlement des trafics et des réseaux, que des policiers qui passent leur temps à remplir des tableurs.
Que proposerez-vous dans la réforme de la procédure pénale ?
Face à la lassitude et au malaise des policiers et gendarmes quant aux nombreuses tâches administratives qu’ils doivent mener, j’ai décidé de prendre le problème à bras-le-corps et de proposer des mesures très concrètes. Nous allons réformer puis dématérialiser la procédure pénale, ce qui induira un gain de temps considérable.
Plusieurs délits seront forfaitisés, ce qui renforcera l’effectivité de la sanction et fera gagner un temps précieux à nos forces. Certaines démarches seront aussi dématérialisées grâce à la création de nouvelles plateformes (e-procurations, pré-plaintes puis plaintes en lignes). D’autres seront confiées à des agents administratifs.
Cela permettra à plus de 4 500 policiers et gendarmes de retourner sur le terrain, au cours du quinquennat. Sans oublier la révolution numérique que nous allons mener au sein de la police et de la gendarmerie, et qui sera gage de missions facilitées. Au fond, c’est un souffle nouveau que nous allons donner à nos forces, pour qu’elles puissent renouer enfin avec le sens même de leur engagement : enquêter, intervenir et protéger les Français.
Propos recueillis par Félicité de Maupeou