Questions à… Nicolas Louvet, fondateur et directeur du bureau de recherche 6t
Peu d’entreprises des nouvelles mobilités atteignent un équilibre économique. Pourquoi ?
Rappelons que les transports en commun ne sont, eux-mêmes, pas rentables. La collectivité les finance. Ensuite, les usagers des nouvelles offres de transport ne sont pas très fidèles, ils sont à l’affût du plus offrant. Le modèle économique de ces nouveaux opérateurs repose sur leur capacité à se réinventer constamment pour se maintenir face à la concurrence. Ce qui ne leur laisse pas suffisamment de temps pour roder leur modèle économique.
L’usage individuel de la voiture va-t-il disparaître ?
C’est illusoire dans les territoires peu denses. La condamnation de l’autosolisme signifierait le développement d’une offre structurante en transports en commun, qui coûte cher. Alors la collectivité se convainc que le covoiturage ou l’autopartage sont les solutions universelles au problème de mobilité.
Même avec un financement public, ce qui fonctionne encore difficilement dans les hypercentres urbains a peu de chances de trouver sa clientèle ailleurs. L’usage individuel de la voiture restera la norme pour encore de nombreuses années.
Est-il possible de réguler ce nouveau secteur ?
Avant de savoir si on peut réguler, il faut savoir pourquoi on doit réguler. Il faut s’assurer que les nouvelles offres ne dégradent pas l’offre publique existante, mais, au contraire, l’optimisent. Et s’il est difficile de structurer une régulation pour ces nouvelles offres, il est nécessaire de les comprendre. Leurs données d’usages sont, à ce titre, une mine d’informations dont l’autorité publique devrait se saisir de manière plus systématique.
Propos recueillis par Camille Selosse