La gratuité des transports est-elle la solution ?
Instaurée dans plusieurs villes françaises, la gratuité des transports en commun est loin de faire l’unanimité.
C’est une démarche qui a fait grand bruit. En septembre dernier, l’agglomération de Niort (Deux-Sèvres) a décidé de rendre l’accès à son réseau de transports en commun gratuit. Objectif : accroître sa fréquentation. Une hausse de 30% d’ici deux ans est visée.
L’idée sous-jacente est d’inciter à utiliser les transports en commun plutôt que la voiture. La majorité municipale (Parti Radical) a préféré jouer cette carte plutôt que celle de la contrainte à l’égard des automobilistes. La mesure découle aussi d’un constat ; à Niort, les recettes de billetterie ne participent qu’à hauteur de 10% au financement du réseau. Si elles dépassaient ce pourcentage, la gratuité rencontrerait des obstacles financiers car il faudrait trouver de nouvelles recettes pour compenser ce manque à gagner.
Mais même dans ces conditions, le principe est loin de réunir une majorité d’adeptes. 23 réseaux de transports publics sur 250 l’ont instaurée, selon le décompte opéré par l’UTP – Union des transports publics et ferroviaires, qui regroupe l’ensemble des opérateurs – en 2015, soit 9%.
Tarification solidaire
Depuis des années, le GART (Groupement des autorités responsables de transport) affiche son désaccord avec cette idée. Premièrement, parce qu’il fait retomber le manque à gagner sur la collectivité et donc, in fine, sur les contribuables. D’autre part, parce que la gratuité aurait tendance à entraîner un moindre respect du service par ses usagers.
23 réseaux de transports publics sur 250 ont instauré la gratuité.
Au ministère des Transports non plus, on n’affiche pas de soutien à l’égard de la gratuité. D’autant moins que les collectivités viennent ensuite réclamer un soutien financier de l’Etat pour leur réseau. Même les associations d’usagers y sont opposées, pour des raisons semblables à celles évoquées par le GART. Elles défendent plutôt une tarification solidaire dans lequel le prix d’utilisation des transports publics dépend des revenus de chacun.
Le dispositif est jugé plus juste que la tarification aux statuts (réduction pour les étudiants, les retraités… sans distinction de ressources). Plusieurs villes ont déjà mis en place ce système (Strasbourg, Grenoble, Lille, Nantes…). Mais il reste encore parfois perçu comme complexe pour les usagers, qui doivent déposer un dossier afin de justifier leurs revenus.
Camille Selosse
Les usagers participent minoritairement aux coûts
Pour les opérateurs de transports et les autorités organisatrices, c’est une préoccupation constante. La part payée par les usagers ne permet de financer qu’une part minoritaire de l’exploitation. Dans les transports publics urbains, le ratio recettes sur dépenses était de 31% en 2016, selon les derniers chiffres de l’UTP. Un chiffre en baisse constante. Il était de 50% en 1996.
Le reste des 12,6 milliards d’euros que coûtent les services est financé à parts égales par les collectivités et les entreprises (via le versement transport). L’UTP souhaiterait que la part usagers remonte. Sujet sensible, la moindre hausse provoquant toujours un mécontentement.
Camille Selosse