« Savoir vous écouter… pour faire du sur-mesure »
La transition énergétique peut-elle se faire partout de la même façon ?
Chaque territoire, chaque réseau est une particularité. Nous ne sommes pas dans une industrialisation de nos offres, mais bien sur des offres sur mesure, issues de notre écoute de la collectivité. Par exemple, dans un territoire qui traite les déchets et les transforme en gaz naturel, nous apporterons une solution GNV* plutôt qu’hybride ou électrique.
Notre force réside dans notre capacité à nous positionner pratiquement sur toutes les énergies possibles et sur des parcs importants : 4 700 véhicules rien que pour le réseau parisien. La flotte du groupe RATP en France compte 7 700 bus, dont 820 hybrides, 200 GNV et 75 électriques. Un appel d’offres pour l’achat de 1000 bus électriques a été lancé début 2018 dont 250 en commande ferme.
Il s’agit de la consultation la plus importante en Europe à ce jour. Notre expertise électrique s’étend aussi à notre offre maritime à Lorient où nous exploitons 6 navires dont un 100% électrique.
Comment l’essor du numérique transforme-t-il votre activité ?
Avant tout, il faut trouver le bon équilibre entre le digital et l’humain. L’expérience client se fait grâce au contact avec nos collaborateurs. Elle passe également par le big data : grâce aux données transmises par nos véhicules, nous pouvons adapter au mieux notre offre à la demande.
Les informations transmises par les véhicules permettent d’adapter l’offre à la demande.
En outre, le digital peut permettre de donner de l’information fiable en temps réel aux collectivités et aux clients. Nous avons ainsi développé une plateforme unique, Gemm, qui permet la recherche d’itinéraires multimodale, l’accès au trafic en temps réel et même l’achat de titre dématérialisé.
Nous menons également une réflexion pour que cette plateforme puisse proposer les informations par cibles clients, par exemple dédiées aux scolaires, aux seniors, aux PMR. Notre volonté est de faire des transports en commun une mobilité davantage personnalisée.
Quelles sont vos perspectives de développement avec l’avènement des véhicules autonomes ?
Le véhicule autonome est l’un des domaines prioritaires en matière d’innovation pour notre groupe qui ambitionne de devenir un partenaire privilégié des smart cities. Nous avons réalisé trois expériences : à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais), à Austin (Etats-Unis) et actuellement au CEA de Saclay (Essonne).
C’est un outil qui fonctionne, mais qui reste une technologie expérimentale. Nous ne pouvons pas dire s’il deviendra habituel sur nos réseaux d’ici trois, cinq ou dix ans mais l’ambition est de pouvoir l’intégrer comme un mode à part entière dans notre offre de transport.
Les prochaines évolutions concernent aussi le stationnement automatique des bus et des tramways dans nos dépôts.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Nous sommes positionnés sur plusieurs offres en France, qui seront attribuées entre 2018 et 2019 : Chambéry, Angers et le CDG Express en groupement avec un autre opérateur. Nous venons de remporter le réseau de Lorient, la Compagnie de transport de la région lorientaise. Grâce à cette offre, nous accédons pour la première fois au transport maritime.
Nous avons aussi deux appels d’offres en défensif : le service de transport pour les personnes à mobilité réduite (PAM) des Yvelines et des Hauts-de-Seine, et le transport par câble Genève-Le Salève.
Enfin, nous travaillons sur le transport à la demande. Nous le voyons comme un outil de rabattement vers les modes lourds et une vraie solution de proximité pendant les heures creuses.
* Gaz naturel véhicule.
Propos recueillis par Camille Selosse