L’automobile ne peut plus ignorer l’électrique
En tablant sur la fin des ventes de véhicules thermiques d’ici 2040, le gouvernement français envoie un message : l’avenir est aux véhicules zéro émission. L’Etat soutient d’ailleurs les acheteurs avec des primes à l’achat pouvant atteindre 6 000 euros, cumulables avec la prime à la conversion d’un ancien véhicule.
Progressivement, les Français s’y mettent. En 2017, près de 31 000 véhicules électriques (dont environ la moitié sont des Renault ZOE) ont été immatriculés, soit une hausse de 13% par rapport à 2016. Mais l’électrique ne représente toujours que 1,2% des véhicules neufs.
La bascule n’est pas aisée. Les industriels ont longtemps affiché leur réticence malgré les premiers signaux politiques. Ils étaient nombreux à ne jurer que par le diesel il y a encore quelques mois. Le « dieselgate » est passé par là, les objectifs politiques se sont faits plus insistants.
En outre, les limites en matière d’autonomie restent un frein. Il est pour l’heure impossible d’envisager de faire de longs trajets, par exemple, pour partir en vacances, sans devoir recharger sa voiture en cours de route. La ZOE affiche une autonomie maximale de 400 kilomètres.
Le cercle vicieux des bornes de recharge
Mais l’essor du véhicule électrique se heurte aussi au manque d’équipements de recharge. Le serpent se mord la queue : faute de bornes suffisantes, les ventes peinent encore à vraiment décoller ; et faute d’un grand nombre de véhicules en circulation, la construction de bornes de recharge reste limitée.
Les pouvoirs publics tentent d’y remédier avec des plans de déploiement de bornes. La question de la production électrique est aussi posée. Réduire la part du nucléaire dans un contexte d’accroissement de la demande électrique en laisse certains perplexes. Les énergies renouvelables suffiront-elles ? Pas nécessairement dans l’immédiat.
Il faudra aussi gérer les pics de consommation électrique. Les usagers auront tendance à recharger leur véhicule tous au même moment, c’est-à-dire à partir du début de soirée. Les réseaux électriques font déjà face à une surchauffe à ces horaires, notamment durant les périodes hivernales. Il faudra donc s’adapter. Dernier obstacle : le coût.
Les bus aussi seront électriques
Le virage électrique touche aussi les transports en commun. La RATP vise 100% de bus propres d’ici 2025. Elle possède une flotte de 4 700 véhicules. Elle vient de lancer son premier appel d’offres de grande ampleur, le plus important d’Europe. Il porte sur 1 000 bus électriques pour un montant de 400 millions d’euros. Mais la régie parisienne fera aussi face au défi de l’adaptation de ses dépôts, qui devront assurer la recharge de plusieurs centaines de bus à la fois en fin de service.
Camille Selosse
Le vélo se fait une place
2018 sera-t-elle l’année du vélo ? Dans le cadre des Assises de la mobilité, le sujet a été régulièrement abordé, après avoir été ignoré par les pouvoirs publics pendant des années. La ministre des Transports elle-même y accorde une grande importance et parsème régulièrement ses discours de mots de soutien à la pratique du cyclisme.
Elle prévoit d’ailleurs un plan vélo national, qui devrait donner un coup d’accélérateur à cette pratique. Indemnité kilométrique vélo, prime à l’achat, développement des réseaux cyclables sont autant de leviers.
Elisabeth Borne se veut ambitieuse, mais elle pourrait trouver un obstacle de taille sur sa route : Bercy. Le ministère des Finances pèse régulièrement sur les limites du budget affecté à la petite reine.
Camille Selosse