Réduire les « zones blanches » de la mobilité : un enjeu de taille
Avant même que ne s’engage la refonte de la politique de transports, certains défis étaient connus. Celui des fractures territoriales a progressivement émergé, au point d’être devenu aujourd’hui l’une des préoccupations phares des pouvoirs publics.

C’est désormais l’un des chevaux de bataille de la ministre des Transports. Au gré de ses déplacements, Elisabeth Borne a eu l’occasion de constater que des territoires entiers sont en marge de l’offre de mobilité. « Je pense qu’on ne se rend pas réellement compte à Paris de ce que vivent un certain nombre de nos concitoyens », a-t-elle asséné en clôture des Assises de la mobilité.
Cette situation est particulièrement marquée dans des territoires qui cumulent déjà les handicaps (services publics éloignés, absence de connexion aux réseaux Internet, voire mobiles, perte progressive des emplois…).
Or, pour Elisabeth Borne, l’absence de solutions de transport constitue aussi une cause des problèmes et des impacts économiques et sociaux. Elle rappelle régulièrement qu’un Français sur quatre a déjà refusé un emploi faute de moyen de transport pour s’y rendre. « Si on continue à avoir des villes mal reliées par les réseaux de transports, on crée de la détresse. Il y a une menace très grave de fracture dans le pays dont il faut sérieusement s’occuper », s’alarme-t-elle.
Plutôt que les grands projets, la ministre veut donc s’atteler à la résorption de ces « zones blanches » de la mobilité. Pour y parvenir, le gouvernement a donc lancé un plan de désenclavement, qui durera une décennie. Les grands projets sont certes sur la sellette, mais il est des chantiers d’infrastructures sur lesquels Elisabeth Borne « ne transigera pas », comme ces mises à deux fois deux voies, promises et attendues depuis longtemps dans certains territoires.
Revoir la gouvernance
La situation s’explique par la concentration, ces dernières années, des moyens sur les grands chantiers, notamment ferroviaires, mais aussi par une organisation défaillante. De nombreux pans du territoire ne sont pas couverts par une autorité chargée d’organiser la mobilité.
Un Français sur quatre a déjà refusé un emploi faute de moyen de transport pour s’y rendre.
Seuls 20% le sont. Et 30% des Français vivent dans les zones non couvertes. Le gouvernement envisage donc de revoir ce système afin que chaque territoire relève d’une structure chargée du pilotage de la mobilité. La LOM (loi d’orientation sur les mobilités) permettra d’en définir les modalités.
Innovation et nouvelles mobilités au secours des « zones blanches »
Les rapports des six ateliers thématiques des Assises de la mobilité font cependant déjà ressortir une tendance. Ayant obtenu le rôle de cheffes de file pour les mobilités lors de la réforme territoriale, les régions sont toutes désignées pour assumer un poids croissant et prendre en charge le dossier là où il n’y a pas d’agglomération, selon différents experts.
Dans tous les cas, l’articulation entre les différents échelons devra aussi être renforcée. Dans certains territoires, régions et agglomérations peinent à se parler et à s’accorder, ce qui empêche l’émergence de projets.
Elisabeth Borne compte aussi beaucoup sur l’innovation et les nouvelles solutions de mobilité pour apporter un service dans les zones aujourd’hui délaissées. Le gouvernement va, par exemple, chercher à favoriser le covoiturage dans les zones peu denses afin que ceux qui ne disposent pas d’une voiture puissent bénéficier d’un mode de transport déjà existant et ne réclamant pas de nouveaux financements.
Camille Selosse