« Ma conviction est que la mobilité a besoin que nous fassions le pari de l’intelligence ! »
Pourquoi avoir lancé depuis votre arrivée une refonte de la stratégie française en matière de transports ?
Parce que nous avons à répondre à une urgence ! L’accès à la mobilité est un élément fondamental pour chacun d’entre nous comme pour tous nos territoires. Mais la réalité indiscutable à laquelle nous faisons face est que l’accès aux transports est trop souvent ressenti comme une injustice, entre des grandes métropoles et des zones plus enclavées, entre des citoyens connectés à de nombreuses solutions et d’autres contraints de recourir à leur voiture individuelle.
C’est un constat que nous devons regarder en face et auquel il est de notre devoir de répondre. Je constate aussi que notre politique des transports s’est souvent, par le passé, résumée à une politique de grandes infrastructures, ce qui ne répond pas pleinement aux besoins de nos concitoyens.
L’enjeu doit donc être de savoir collectivement repenser et rénover en profondeur notre façon d’agir pour construire une véritable politique de mobilité. Les enjeux sont simples mais ambitieux : répondre aux urgences, réparer les injustices, et aussi, bien sûr, préparer l’avenir en mettant notre pays à la pointe des solutions innovantes.
Quelles sont les priorités ?
Notre politique de mobilité doit relever un défi prioritaire : que personne, qu’aucun territoire, ne soit laissé sans solutions de mobilité. Quand je constate qu’encore un quart de nos concitoyens déclare avoir dû refuser une offre d’emploi ou de formation faute de moyens pour s’y rendre, cela doit décupler notre détermination à agir.
Nous devons pour cela repartir de la réalité des besoins pour chercher à y apporter les réponses les mieux adaptées, en cessant de calquer des solutions uniformes à tous les lieux et situations. Car c’est un des enseignements des Assises de la mobilité menées cet automne : notre pays regorge de solutions innovantes, intelligentes qui émergent depuis le terrain, et que nous devons soutenir.
La loi d’orientation des mobilités devra être l’occasion d’encourager toutes ces nouvelles formes de mobilité autonome, partagée, connectée, propre, qui sont autant de nouvelles réponses efficaces pour mettre la mobilité à la portée de tous. Ma conviction est que la mobilité a besoin que nous fassions le pari de l’intelligence !
Pour répondre à ces ambitions, les moyens existants sont-ils suffisants ?
Vous avez raison de soulever le sujet car la politique de mobilité est aussi une question de moyens. En la matière, nous avons voulu engager une démarche de sincérité, en ne promettant que ce que l’on sait financer.
Répondre aux urgences, réparer les injustices, soutenir les solutions innovantes.
C’est un changement majeur ! Le travail du Conseil d’orientation des infrastructures est un très bon exemple de cette nouvelle approche, car le rapport non seulement interroge nos besoins, mais surtout, les met en adéquation avec les niveaux de ressources nécessaires pour y répondre.
C’est la même logique qui prévaudra dans la loi de programmation et de financement des infrastructures que je présenterai, qui pour la première fois, permettra que nous ayons un véritable débat démocratique, transparent sur nos investissements et donc sur les moyens que nous choisissons d’y consacrer. C’est un débat passionnant qui s’annonce, car ce sont des choix qui nous concernent tous.
Propos recueillis par Camille Sélosse