« Posséder et valoriser les données de santé, un facteur de réussite »
Atos se propose d’exploiter au mieux les avancées de l’e-santé, afin d’offrir des services innovants aux patients et de développer des modèles économiques réduisant les coûts.
Pourquoi Atos a-t-il tant investi dans le champ de la santé numérique ?
Après le rachat d’Anthelio, Atos a procédé, plus récemment, à l’acquisition de sociétés possédant des expertises très ciblées sur le marché de la santé numérique, renforçant ainsi son positionnement sur la chaîne de valeur de l’e-santé.
L’entreprise est aujourd’hui à même de s’inscrire dans des perspectives d’évolution qui sont parmi les plus innovantes du secteur : consultation à distance, hospitalisation à domicile avec des patients équipés d’objets connectés, livraison de médicaments à l’aide de drones, rééducation s’appuyant sur la robotique, hospitalisation avec immersion du patient dans son univers familial grâce à la réalité virtuelle, équipement du personnel médical, automatisation des processus hospitaliers, intelligence médicale pour l’aide au diagnostic, etc.
Ces perspectives s’appuient sur une optimisation du parcours du patient et le recours à l’usage des données médicales en provenance de sources diverses (l’open data).
Quels sont les scénarios de modèles économiques qui se dessinent pour l’e-santé ?
L’e-santé, innovation de rupture, déclenche naturellement de nouveaux modèles économiques, dans un contexte où les coûts associés aux soins sur le secteur de la santé continuent de croître. L’analyse des données est au cœur des nouvelles applications : les posséder et être en mesure de les valoriser est le facteur clé de réussite.
Des questions éthiques se posent.
Mais la réglementation de ce marché laisse peu de marge de manœuvre aux acteurs de la santé.
De nouveaux modèles vertueux doivent être mis en place, comme le remplacement des soins existants par ces nouvelles solutions innovantes. Par exemple, les consultations à distance réduisent les dépenses de consultation.
Un autre modèle économique consisterait en un remboursement calculé sur la base des bénéfices générés ou sur les économies réalisées ainsi.
Qu’attendez-vous des pouvoirs publics pour accompagner le développement de l’e-santé ?
Le législateur doit faire évoluer le cadre juridique pour permettre une ouverture des données de santé, tout en protégeant les droits individuels. Il doit par exemple prévoir un plan « e-santé », dans le cadre duquel l’enseignement de la santé numérique devient obligatoire dans les formations des professionnels de la santé.
Concernant l’accès aux données, il est essentiel que les politiques mettent en place un tiers de confiance national à parité public-privé, qui serait notamment en charge de la réglementation sur l’accès aux données.
Une telle initiative s’impose également sur le plan européen. Le retour d’expérience d’Atos prouve que les technologies sont aujourd’hui matures pour adresser tous les sujets de l’e-santé. Finalement, les leviers du big data ne sont-ils pas avant tout politiques et juridiques ?
Propos recueillis par Sylvie Fagnart
INFO +
28% du CA d’Atos (en 2016) proviennent du pôle Secteur public et Santé, le deuxième du groupe, avec un chiffre d’affaires de 3,3 millions d’euros.