L’e-santé : vers un nouvel univers médical
Quelles sont les solutions préconisées par la majorité pour faire de l’e-santé une réalité pour tous les Français ?
Au 1er janvier, la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2018 [LFFS 2018] est entrée en vigueur. Dès lors, la télémédecine a cessé d’être une expérimentation et est enfin passée dans le droit commun. Enfin ! C’est une étape majeure pour notre système de santé, très attendue. Il était temps.
La seconde étape, qui a débuté le 18 janvier, ce sont les négociations conventionnelles entre la Caisse nationale d’Assurance Maladie et les représentants des syndicats. Elles vont aboutir à la publication de décrets encadrant ces prestations, comme n’importe quel autre acte médical. L’objectif est de définir les tarifs des actes pris en charge et leur remboursement, afin de faire de cette innovation une réalité pour les Français.
Lever le frein administratif et le frein financier.
Dans un premier temps, télémédecine et télé-expertise concerneront ceux qui en ont le plus besoin : les patients atteints d’affection de longue durée, les personnes résidant dans les zones les moins denses en médecins, les résidents en Ehpad ou atteints de maladies rares. Très vite, elles seront généralisées à l’ensemble de la population.
Ce que la télémédecine permet en termes d’organisation des soins est incroyable. Par exemple, neurologue au CHU de Grenoble, il m’est arrivé de participer à de la téléthrombolyse depuis le service de neurologie, en direction de patients ayant présenté un AVC et pris en charge par une équipe médicale à des kilomètres de là.
Ce sont les prochains grands enjeux [du développement de l’e-santé] : l’objet connecté qui devient partie intégrante du suivi des patients, la médecine prédictive par le big data et l’intelligence artificielle, autant de révolutions attendues dans les prochaines décennies.
Quelles leçons tirer des échecs passés ?
Les principaux freins à l’innovation, dont l’innovation numérique en santé, sont, d’une part, le frein financier et, d’autre part, le frein administratif.
Des procédures « top-down », parfois opaques et lourdes à mettre en œuvre, une gouvernance éparse par le nombre important d’acteurs impliqués, et un certain manque d’évaluation sont autant d’axes d’amélioration.
C’est l’objet, notamment, de l’article 51 de la LFSS 2018, qui représente un véritable changement de paradigme que l’on applique à l’innovation organisationnelle. Il prévoit la mise en œuvre d’expérimentations de la volonté des professionnels de santé dans les territoires, entièrement financées, puis évaluées.
Dès qu’une initiative est attractive, on la finance. Si elle fonctionne, on la diffuse. En parallèle, nous devons développer notre culture de l’évaluation et concilier principes de protection et innovation.
Comment emporter l’adhésion des patients ?
La priorité, c’est de délivrer aux usagers une information claire, loyale, appropriée. L’e-santé nous fait entrer dans un univers médical qui peut faire peur s’il n’est pas expliqué. On s’en rend compte, il est aussi essentiel de bien former les soignants aux nouveaux outils mis à leur disposition.
Faire preuve de pédagogie, en particulier envers les plus anciennes générations, est un prérequis indispensable à l’acceptation par la population. Rassurer les Français passera par la mobilisation de ceux qui les soignent au quotidien. Bien accompagner les patients vers le numérique, c’est leur assurer que cette révolution aura un impact positif sur leur quotidien et les rendre acteurs de leur santé.
Propos recueillis par Sylvie Fagnart