La révolution de la médecine connectée promet des milliards d’euros d’économies
Fournir aux médecins un flux de données essentielles, rendre du pouvoir au patient, lutter contre la désertification médicale, voire sauver la Sécu… rares sont les révolutions numériques à charrier autant d’espoirs.
L’e-santé : une notion multiforme, qui évoque tant la médecine à distance que les applis de smartphones mesurant quotidiennement notre activité physique, ou les connaissances phénoménales acquises sur le génome humain.
Elle révolutionne, en premier lieu, le combat contre les maladies. De façon parfois spectaculaire : grâce à l’impression 3D de tissus humains, aux implantations de biocapteurs pour une posologie optimale des traitements, ou encore à la chirurgie robotique.
Mais soigner à l’ère numérique concerne aussi et surtout la médecine du quotidien. « Pour le patient, pour améliorer ses conditions de vie », complète Gérard Raymond, président de l’Association française des diabétiques (AFD). C’est la principale promesse de l’e-santé : une meilleure prise en charge… par des médecins épaulés dans leur art. En effet, des logiciels d’aide à la prescription, rendus de plus en plus performants par l’analyse des données massives de santé, détectent les contre-indications et les interactions médicamenteuses, lors de la rédaction de l’ordonnance.
Une réponse à la désertification médicale
Cette meilleure prise en charge, le patient en bénéficie aussi en termes géographiques : l’e-santé ne connaît pas de limites de lieu. La télémédecine a trouvé ses premières applications dans cette exigence quand, dans les années 1920, au cours de traversées transatlantiques, des conseils médicaux étaient délivrés aux malades à bord, grâce à une liaison téléphonique avec la terre ferme.
La médecine curative cède la place à une médecine préventive, moins coûteuse.
Aujourd’hui, elle est la principale réponse à la désertification médicale. Par exemple, la cabine de téléconsultation Consult Station®, de l’entreprise H4D, met le patient en relation avec un médecin, qui réalise alors une consultation médicale dans des conditions comparables à celle d’une visite en cabinet.
Toujours dans le domaine des soins et de la surveillance à distance, la domomédecine maintient dans son environnement habituel le patient affecté d’une maladie chronique. Le but : éviter les complications et les hospitalisations.
Une prise en charge au cas par cas
Celui qui consulte peut aussi bénéficier des diagnostics croisés de différents professionnels. Que ce soit via son médecin habituel, qui sollicite l’avis d’un ou plusieurs confrères au travers d’un dispositif de télé-expertise, ou en interrogeant une de ces plateformes de téléconseil médical qui se développent actuellement.
Mesdocteurs.com a ainsi fait sensation en levant 1,2 million d’euros à l’hiver 2016. Controversées, certaines contreviendraient, selon le Conseil national de l’ordre des médecins, au Code de déontologie médicale, qui interdit la rémunération d’un conseil délivré à distance.
Le patient connecté peut aussi espérer une prise en charge personnalisée à l’aide des données de son historique médical ainsi que toutes celles récoltées par des outils de Quantified Self (automesure) et même de ses tests génétiques. De ces informations stockées et prêtes à être moulinées et comparées à grande échelle grâce au big data, il ne reste plus qu’à définir le traitement idoine.
Cette prise en charge améliorée est sous-tendue par un changement de paradigme. La ruineuse médecine curative cède la place à une médecine préventive, moins coûteuse. En télésurveillant les malades des quatre principales affections chroniques, dont le diabète et l’hypertension, 2,5 milliards d’euros pourraient ainsi être économisés chaque année.
Sylvie Fagnart
De quoi parle-t-on ?
L’e-santé, traduction littérale de l’expression anglophone « e-Health », fait référence à l’application des technologies numériques dans le domaine de la santé. La loi française y a consacré un volet : la télémédecine est définie comme « une forme de pratique médicale à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication ». Appellation fourre-tout, la « m-santé » renvoie, quant à elle, aux applications santé et bien-être disponibles sur les smartphones. Mais la partie invisible de l’iceberg, le socle de cette santé connectée, ce sont les systèmes d’information. Ils organisent notamment les échanges entre la médecine de ville et l’hôpital, ou encore entre les différents services de ce dernier.