2018, année clé pour la télémédecine
La généralisation des actes de télémédecine est-elle pour bientôt ?
Nathalie Salles : Nous sommes enfin parvenus à un moment clé pour la télémédecine. Le remboursement par l’Assurance Maladie des deux actes principaux de la télémédecine, soit la téléconsultation et la télé-expertise, fait véritablement entrer la télémédecine dans le droit commun. Jusque-là, elle a été cantonnée à la recherche et à l’expérimentation. Cette décision de remboursement par l’Assurance Maladie représente un saut en avant inédit. Nous saluons une décision qui va déverrouiller comme jamais la pratique de la télémédecine.
Jacques Battistoni : Rappelons que cette généralisation est conditionnée par la signature d’un avenant à la convention médicale que MG France a conclue avec l’Assurance Maladie. C’est au terme de cette négociation, en cours en ce moment, que nous pourrons estimer si la télémédecine entre véritablement dans le quotidien des patients. Dans cette attente et pour cette raison, on ne peut pas encore parler de « grand soir » de la télémédecine !
Concrètement, quel changement d’échelle ce remboursement peut-il laisser présager ?
N. S. : Par choix ministériel, la télémédecine a longtemps été cantonnée aux soins coûteux. Aujourd’hui, les parcours de télémédecine concernent principalement les maladies chroniques. Dans un avenir proche, nous ne parlerons plus de ça, mais de télémédecine en ambulatoire : la télémédecine pour vous, pour moi, pour tous !
J. B. : Les différentes parties prenantes de cette négociation [l’Assurance Maladie et ses caisses régionales et les différents syndicats de médecins et de praticiens hospitaliers, ndlr] sont face à un choix qui aura des conséquences. Selon une première option, la négociation ouvrirait la voie à une classification complète des actes de télémédecine – un processus long, mais qui signerait la volonté de faire véritablement entrer la télémédecine dans le droit commun. La seconde option serait de donner un signal fort, symbolique, en traitant des actes emblématiques. Ce serait plus rapide. Mais bien moins efficace.
Pourquoi éditer un guide sur la pratique de la télémédecine ?
N. S. : L’appel à contribution de nos adhérents à participer à l’élaboration d’un guide a pour objectif d’impliquer l’ensemble des soignants concernés. Médecins, chirurgiens dentistes, sages-femmes, infirmier(e)s : tous les praticiens médicaux et paramédicaux sont appelés à nous faire connaître leurs questions. Leurs attentes peuvent remonter via Twitter (#SFTelemed2017) ou directement sur le site de la Société française de télémédecine.
A partir de ces interpellations concrètes, nous rédigerons une série de fiches pratiques qui formeront un guide. Le modèle sera celui de la simplicité : une question, une fiche, comme dans une « foire aux questions ». Ce guide permettra à tout soignant de mettre en œuvre un acte de télémédecine. Les dispositifs actuels pour accompagner les soignants dans l’élaboration d’un tel projet ne répondent pas à la demande. Les médecins ont, par exemple, beaucoup de mal à joindre par téléphone l’Asip Santé.
J. B. : Les généralistes ont besoin d’outils. Par exemple, le téléconseil représente un véritable enjeu. En pratique, on en fait beaucoup. Et gratuitement. Mais on pourrait envisager, dans le cadre d’un acte remboursé, des plages dédiées à la téléconsultation, pour éviter des consultations physiques inutiles.
Propos recueillis par Sylvie Fagnart