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Le « précariat », une classe dangereuse politiquement ?

#emploi 19/02/2018
  • Enjeux et tendances
L’emploi demain : s’adapter

Entre 1982 et 2017, la proportion de CDD parmi les actifs français a doublé pour atteindre plus d’un sur dix. Le recours à l’intérim, qui comptait 2,7% des actifs en 2016, a connu également une ascension fulgurante. Deux exemples d’une explosion du travail précaire qui fait dire à l’économiste britannique Guy Standing* qu’une nouvelle catégorie sociale est apparue : le « précariat ».

 

Privée des contreparties traditionnelles du travail, cette classe « souffre d’angoisse, d’anomie et d’aliénation, et sa colère augmente sans cesse. Cette situation est socialement et politiquement intenable », prévient-il.

 

Condamnés aux petits boulots

« Le travail précaire est aléatoire, il a une dimension de discontinuité et d’incertitude », définit le sociologue Patrick Cingolani. L’intérim est l’exemple emblématique du travail précaire, qui recouvre aussi le temps partiel, la pluriactivité et le CDD, dans certains cas.

 

Le travail précaire augmente indubitablement. Il concerne notamment « les jeunes diplômés qui arrivent sur le marché du travail et n’obtiennent le plus souvent que des emplois précaires ou des stages », développe le sociologue.

 

« En cumulant les votes FN, France insoumise ou François Asselineau, on trouve un potentiel de contestation sociale et politique puissant. »

 

Toute la difficulté est d’évaluer en quoi il est synonyme « d’angoisse, d’anomie et d’aliénation ». Car il y a parmi les précaires, une première famille appartenant à la classe moyenne : « Ceux-là ne choisissent pas cette forme d’emploi de gaieté de cœur, mais aménagent avec la nouvelle réalité du marché du travail. Ils passent une sorte de “deal”, acceptant l’incertitude en contrepartie de l’intérêt de leur travail ou par rejet de la vie en entreprise », développe Patrick Cingolani.

 

L’exemple typique sont les « intellos précaires » ou encore les pigistes. Autre famille de l’emploi précaire : les classes populaires, « condamnés à des petits boulots à vie par la désindustrialisation et le déclin de l’emploi ouvrier. Ici, l’incertitude inonde toute la vie, pas seulement le travail. Ce sont ceux qui ne “décollent” pas », poursuit-il.

 

Un sentiment de déclassement

Ayant perdu la sécurité de l’emploi, d’un poste fixe dans une entreprise ou encore d’un revenu régulier, mais aussi le soutien d’une communauté de travail, les membres du « précariat » sont dangereux politiquement, selon Guy Standing, qui alerte sur leur vote populiste.

 

Lors des dernières élections, « il n’y a pas eu d’écarts énormes entre le vote des précaires et des non-précaires », décrypte pourtant Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS-Cevipof. Reste qu’« en cumulant les votes Front national, France insoumise ou encore François Asselineau, soit près de la moitié de l’électorat du premier tour, on trouve un potentiel de contestation sociale et politique puissant ».

 

Il y a là une « nouvelle fracture, séparant les diplômés, qui ont voté Macron, et les non-diplômés, très représentés dans l’électorat du Front national », mais aussi la réalité plus complexe du vote France insoumise : « Dotés d’un patrimoine modeste, ces électeurs sont plutôt diplômés, mais ressentent un déclassement social par rapport à leurs parents, leurs attentes et leurs diplômes », par exemple, lorsqu’ils cumulent les CDD avant d’obtenir un CDI.

 

En bref, il y a « ceux qui pensent que l’avenir est à eux (vote Macron) et les moins optimistes, que le sentiment négatif a poussé à des votes populistes ». Que va devenir cette force de contestation? Jean-Luc Mélenchon n’a pas réussi à la mobiliser contre les ordonnances Travail, car ses électeurs « s’accommodent de l’assouplissement du marché de l’emploi ». Quant au FN, ses dissensions internes ont tué l’élan de la présidentielle.

 

Sans représentants politiques ni syndicaux, ces précaires vont-ils s’unir et provoquer une explosion sociale ? « Je n’y crois pas trop », prévient Luc Rouban, qui voit davantage arriver une « désaffectation du politique et une démocratie de l’entre-soi, appauvrie par le renfermement sur les cercles familiaux, communautaires ou de proximité ».

 

* « Le précariat. Les dangers d’une nouvelle classe ». Editions de l’Opportun, 2017.

 

 

Félicité de Maupeou

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