« En matière d’emploi, la première sécurité c’est la compétence »
Comment accompagnez-vous les bouleversements du salariat ?
Les entreprises sont soumises à des cycles, à des pics d’activité, et doivent donc s’adapter. C’est une des raisons pour laquelle nous avons souhaité, à travers la loi sur le renforcement du dialogue social, recentrer la négociation collective au plus près du terrain, c’est-à-dire au niveau de la branche ou de l’entreprise.
Nous avons aussi pensé cette loi en prenant en compte les besoins des PME/TPE. A ce titre, le recours croissant aux CDD et à l’intérim s’est accompagné d’une volonté de confier aux acteurs de terrain la fixation de certaines règles, comme la possibilité de fixer la durée maximale, le nombre de renouvellements et les règles relatives au calcul du délai de carence des CDD et des contrats de travail temporaire.
Afin d’éviter les abus, les cas de recours à ces contrats restent limités par la loi et prévoient un certain nombre de contreparties pour le salarié. Dans la même perspective, nous avons favorisé le recours aux contrats de chantier en prévoyant la possibilité pour un accord de branche étendu de fixer les conditions dans lesquelles il est possible de recourir à un tel contrat.
Celui-ci ne se fait cependant pas sans garanties puisque l’accord collectif doit prévoir des contreparties en termes de rémunération, d’indemnité de licenciement et en termes de formation pour les salariés concernés.
Que proposez-vous pour les travailleurs inquiets de la nouvelle instabilité des parcours professionnels ?
Nous avons engagé, avec le gouvernement, une refonte du modèle social français. L’une des réformes clés est celle de la formation professionnelle, car nous devons nous adapter aux métiers de demain : selon certaines études, 50% des métiers seront profondément transformés dans les dix ans qui viennent, 10% à 20% de nouveaux emplois seront créés et autant pourraient disparaître.
Nous avons une vraie responsabilité pour mener à bien une transformation profonde au profit des salariés, des chômeurs et des entreprises.
Nous avons engagé une refonte du modèle social français.
Afin de donner à chacun la liberté de choisir son avenir professionnel, de rebondir, de protéger les plus vulnérables contre le manque de compétences et de vaincre ainsi durablement le chômage, nous faisons le choix d’investir massivement dans la formation et les compétences à hauteur de 15 milliards d’euros à travers le Plan investissement compétences.
Ma conviction profonde en matière d’emploi, c’est que la première sécurité, c’est la compétence et le premier levier, c’est la formation.
Quelles pistes pour sécuriser l’emploi indépendant ? Quid de la régulation des plateformes ?
Ces nouvelles aspirations à l’emploi indépendant nous les prenons en compte dans la réforme de l’assurance-chômage que nous venons d’engager. Aujourd’hui, et cela va s’accélérer, une même personne a plusieurs étapes dans sa vie professionnelle avec souvent des statuts différents, il peut être salarié, puis entrepreneur ou indépendant.
Il est important que les indépendants et les démissionnaires puissent avoir droit à une assurance-chômage. L’ouverture élargie des droits à l’assurance-chômage, dans des conditions qui restent à discuter avec les partenaires sociaux, pourra faciliter cela.
Au-delà de l’assurance-chômage, il est souhaitable qu’un socle de droits sociaux soit ouvert à tous, notamment aux travailleurs des plateformes. Nous allons veiller à ce que de telles garanties soient opérationnelles pour ces travailleurs.
Propos recueillis par Félicité de Maupeou