Italie : Palais, casernes, postes de douane… donnés à de jeunes entrepreneurs
Avoir moins de 40 ans et un solide projet en poche : deux conditions pour espérer remporter l’un des biens immobiliers cédés par l’État.
C’est un paradoxe ! Si l’Italie est le pays qui compte le plus grand nombre de sites classés au patrimoine mondial de l’Unesco (53), c’est aussi l’un des États européens où le budget alloué à la culture est le plus faible : selon les données Eurostat pour 2014, il ne représente que 1,4% des dépenses publiques, contre 2,1% en moyenne dans l’Union européenne.
Dans ces conditions, toutes les solutions sont bonnes pour préserver le patrimoine culturel. Les grands noms du luxe transalpin ont déjà largement mis la main à la poche.
À Rome, le groupe de maroquinerie Tod’s a dépensé 25 millions d’euros pour la rénovation du Colisée, tandis que le joaillier Bulgari a déboursé 1,5 million pour restaurer les escaliers de la place d’Espagne.
À Milan, Versace et Prada ont financé à hauteur de 1,5 million chacun les travaux de la galerie commerçante Victor-Emmanuel II. Et plus de 50 lieux emblématiques ont été vendus aux enchères en 2013.
Une première liste de 103 biens
Pour redonner vie à des monuments chargés d’histoire, mais bien moins prestigieux, le pays vient de lancer un projet baptisé Chemins et routes (Cammini e percorsi). En pratique, une centaine de biens appartenant à l’État ou à des entités publiques vont être mis gratuitement à la disposition de jeunes entrepreneurs, les porteurs de projets de moins de 40 ans étant prioritaires.
Il leur appartiendra ensuite de les rénover et de les transformer en infrastructures d’accueil pour touristes : hôtels, bed & breakfast, auberges de jeunesse, restaurants, etc.
Les biens proposés, la plupart du temps, dans un état de délabrement avancé, sont très hétéroclites : hormis quelques rares châteaux, il s’agit surtout de gares et de casernes désaffectées, d’anciens postes de douane et des écoles communales.
Cette expérience pourrait être étendue à 200 autres sites dans deux ans.
Tous se situent sur le tracé de pèlerinages religieux (notamment la Via Francigena), le long de routes historiques (comme la Via Appia), de pistes cyclables ou encore de chemins de randonnée. L’Agence de la propriété de l’État espère ainsi attirer pèlerins, randonneurs et autres adeptes du tourisme lent afin de redynamiser les territoires, tout en revalorisant son patrimoine immobilier.
Les contrats de concession à titre gratuit, conclus pour une durée initiale de neuf ans, seront reconductibles. Des baux d’une durée pouvant aller jusqu’à cinquante ans pourraient même être consentis pour les projets les plus aboutis. Si cette première expérience est concluante, elle pourrait être étendue à 200 autres sites dans deux ans.
Depuis quelques années, l’État italien multiplie les initiatives confiant à des opérateurs privés la réhabilitation de son patrimoine immobilier. Dès 2015, il a aussi attribué des concessions – payantes, cette fois-ci – pour une quarantaine de phares et d’édifices situés sur les côtes de la péninsule.
Marianne Di Meo