Espagne : Des joyaux d’architecture transformés en hôtels
De l’autre côté des Pyrénées, dès le début du XXe siècle, l’État a développé un réseau hôtelier dans des monuments historiques et dans des sites remarquables.
L’Espagne fait figure de grande pionnière en matière d’hébergement touristique dans des monuments historiques. Les « paradores nacionales de turismo » ont été créés en 1928, sous le règne du roi Alphonse XIII, afin de développer le tourisme dans le pays.
Le premier établissement a été ouvert dans le site naturel de la Sierra de Gredos, entre Madrid et Avila. Depuis, l’offre a été étendue sur l’ensemble du territoire, où se répartissent actuellement 96 hôtels.
Le luxe à prix raisonnable
Malgré le caractère exceptionnel des lieux, les tarifs pratiqués par les paradores restent tout à fait abordables, avec de nombreuses offres inférieures à 100 euros la nuit pour deux personnes, petit déjeuner compris. Pourtant, la chaîne hôtelière, dont les Espagnols représentent près des deux tiers de la clientèle, a subi le contrecoup de la crise qui a sévi dans le pays à partir de 2008 et a enregistré des pertes pendant six exercices consécutifs.
Grâce à une gestion des coûts plus serrée, elle a toutefois renoué avec les bénéfices en 2015. Le résultat net s’est établi à 4 millions d’euros, pour un chiffre d’affaires de 231 millions.
En France, de nombreux propriétaires de monuments historiques, publics et privés, s’intéressent de près à l’exemple espagnol : « Il ne faut pas se tromper, met toutefois en garde Christophe de Chassey, sous-directeur Destinations et Filières à la direction Ingénierie et Développement d’Atout France. Dans l’Hexagone, l’objectif est de confier la gestion de ces établissements hôteliers à des opérateurs privés, alors que de l’autre côté des Pyrénées, ils ont été créés et sont toujours administrés par l’État, qui s’est donné les moyens de ses ambitions. »
Marianne Di Meo
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Le Portugal propose une offre touristique similaire, avec ses pousadas : ces hôtels implantés dans des lieux historiques (châteaux, couvents, monastères, palais, etc.) ont été partiellement privatisées en 2003, mais l’État est toujours actionnaire.
Un concept décliné en France par le groupe Hôtels & Patrimoine
Installer des hôtels dans des châteaux ou des abbayes : telle était l’ambition du groupe Hôtels & Patrimoine. Hélas, l’aventure a, semble-t-il, tourné court. Un revers qui, selon des sources proches du dossier, serait imputable à l’ancien président, Olivier Gourio, dont la personnalité et la gestion des affaires sont controversées.
Une chose est sûre : tous les établissements ont été déficitaires l’an dernier. À tel point que le nouvel actionnaire vient de demander au tribunal de commerce de Castres de placer l’hôtel situé dans l’abbaye-école de Sorèze (Tarn) en redressement judiciaire.
Quant au projet dans l’abbaye de Saint-Savin (Vienne), il a purement et simplement été abandonné. Restent deux adresses : le Château fort de Sedan (Ardennes) et le Couvent royal de Saint-Maximin-la-Sainte-Baume (Var), qu’il va maintenant falloir relancer.
Marianne Di Meo