QUESTIONS À… Françoise Benhamou, économiste, auteure d’un rapport sur la valorisation du patrimoine culturel de l’État
Françoise Benhamou, économiste, auteur d’un rapport sur la valorisation du patrimoine culturel de l’État
L’État peut-il se séparer de son patrimoine ?
Des cessions sont possibles à la marge, mais le principe doit rester l’inaliénabilité. L’État doit plutôt confier la gestion de ce patrimoine à des acteurs diversifiés, opérateurs privés ou collectivités locales. Il est logique que des acteurs publics territoriaux soient responsables de ces biens immobiliers dont l‘ancrage est, par nature local. Ce transfert de responsabilité est une question de bonne gouvernance et pas seulement de rationalisation économique.
Comment financer sa conservation ?
Étant donné que l’industrie du tourisme tire parti financièrement du patrimoine, pourquoi ne pas créer une taxe affectée à sa conservation, en prélevant une très faible somme sur chaque nuitée d’hôtel ? Autre possibilité : appliquer une politique de prix différenciée entre touristes européens et non européens, l’entrée dans les musées coûtant un peu plus cher pour ces derniers.
Ces pistes, déjà évoquées dans notre rapport, n’ont pour le moment pas été suivies d’effet. On peut aussi faire appel à d’autres moyens de financement, via notamment le financement participatif.
Votre avis sur la gestion de ce patrimoine ?
Les politiques publiques tentent de trouver un équilibre entre des préoccupations opposées. Il y a, d’un côté, la dimension culturelle, qui conduit à conserver et à léguer les traces de l’histoire, et, de l’autre côté, une logique de valorisation commerciale de ce patrimoine.
Les services de l’État ne doivent pas se contenter de verser des subventions et d’édicter des normes. Ils doivent aussi créer une plateforme permettant de faire remonter les idées et de favoriser les échanges d’expériences, afin de trouver des solutions inventives.
Propos recueillis par Marianne Di Meo