De nouvelles mobilités mieux ajustées aux besoins
Ce n’est pas un hasard si le numérique fait partie des six thèmes de réflexion proposés aux contributeurs des Assises nationales de la mobilité (de septembre à décembre 2017), lancées par le ministère des Transports en vue de la préparation du projet de loi d’orientation des mobilités début 2018.
Les mobilités de demain seront connectées, d’ailleurs, elles le sont déjà en partie. Nul besoin d’attendre le véhicule autonome. L’enjeu pour les collectivités est écologique, le secteur du transport étant le premier émetteur de dioxyde de carbone en France, avec un tiers des émissions globales de C02.
L’enjeu est aussi économique, et suscite la nécessité de faire un tri dans des projets d’infrastructures souvent très coûteux. Autopartage, vélos ou scooters en libre-service, covoiturage… le numérique a déjà favorisé l’émergence de nouveaux services.
Si l’offre existe, les comportements sont plus lents à évoluer et les véhicules particuliers circulant avec en moyenne 1,6 passager continuent d’être majoritaires.
A Paris, cinq ans après son lancement, Autolib’ n’est toujours pas rentable, et ce sont les collectivités, dans le cadre d’un contrat de DSP (délégation de service public), qui risquent de devoir mettre la main à la poche pour combler les pertes.
Développer la multimodalité
Une offre de transport multimodale fait partie des pistes à l’étude. Par exemple, la Société du Grand Paris et Ile-de-France Mobilités testent les « micromobilités » en mettant à disposition des voyageurs, dans certaines gares, des trottinettes connectées pour faciliter le trajet de leur dernier kilomètre.
Le covoiturage, jusqu’ici surtout déployé sur les longs parcours, se développe sur les courtes distances. BlaBlaLines (covoiturage de proximité) est opérationnel sur l’Ile-de-France depuis septembre dernier et plusieurs start-up se positionnent sur ce créneau avec le soutien de la Région, qui s’est engagée à leur apporter un coup de pouce financier sous la forme d’un versement de 2 euros par conducteur et passager recrutés (dans la limite d’une enveloppe de 50 000 euros).
Mieux exploiter les données disponibles
Si le GPS avec infos trafic intégrées et les applications mobiles comme Coyote et Waze, qui signalent bouchons, accidents et radars, ont finalement eu raison de Bison Futé (fermé en 2016), la masse des données récoltées grâce au numérique offre un potentiel encore largement sous-exploité.
A Paris, cinq ans après son lancement, Autolib’ n’est toujours pas rentable.
Les collectivités commencent à s’y intéresser pour améliorer, par exemple, les circuits cyclables en ville, mais aussi optimiser l’entretien du réseau routier. La métropole Nice Côte d’Azur utilise un véhicule DiagWay équipé de GPS, capteurs et caméras, pour effectuer des relevés sur son réseau routier secondaire sans perturber la circulation.
Demain, avec l’augmentation de l’utilisation de la voiture électrique, c’est tout le réseau des bornes de recharge qui devra être optimisé. D’autres solutions de mobilité restent à inventer, la création d’une plateforme en open data pour les données de mobilité, envisagée par la ministre Transports, Elisabeth Borne, devrait y contribuer.
Christiane Navas
Uber Movement accessible à Paris
La société de VTC recueille une masse de données grâce aux courses géolocalisées de ses chauffeurs. Analysées et anonymisées, ces données renseignent sur les temps de parcours ou les zones souvent congestionnées.
Depuis octobre 2017, Paris est la première ville en Europe où cette base de données est accessible aux pouvoirs publics dans le but de les éclairer dans leurs décisions d’investissement.